Pour réussir à « trier l'éternel du transitoire », comme disait Baudelaire, il faut comprendre les pseudo-évidences, traquer l'énorme sophisme sous le mensonge plein d'aplomb, voire, comme a su le faire autrefois Roland Barthes, débusquer la mythologie du temps présent qui se terre sous le récit « objectif ».
Dans un compendium où se mêlent les feux rouges, les ruines, l'activité carnivore..., nous avons choisi les discutables propos et attitudes des hommes politiques, en ce qu'ils éclairent le mieux notre « modernité ».
Quoi de plus simple et brutal qu'un homme ou une femme politique se livrant à une « hilarante dénégation » ? C'est la réponse de Marine Le Pen à deux journalistes de TF1 lui faisant observer qu'au moment du passage à l'Euro l'inflation n'avait pas explosé, contrairement à ce qu'elle disait : « Les chiffres mentent ! » Il est bon de noter, commente Raphaël Enthoven, qu'il ne s'agit pas de contredire ces chiffres mais de dire que ces chiffres, bien qu'exacts, mentent quand même…
Raisons d'agir et transparence
Pendant la campagne de François Fillon, des journalistes furent gravement molestés. Le candidat les interpelle en ces termes : « Posez-vous la question de savoir si vous n'avez aucune responsabilité. » Que réclame-t-il qu'on comprenne avant de juger ? Que s'ils n'avaient pas juré sa perte avec le Penelopegate, on n'en serait pas là.
Raphaël Enthoven analyse assez finement cette tendance à l'examen des raisons d'agir qui précéderait l'évaluation des actes en eux-mêmes. Ainsi, « quand un pays est victime d'un attentat islamiste, la première question qui se pose serait celle de sa politique étrangère qui en est (peut-être) à l'origine ». Et bizarrement, pour François Fillon, il semblerait que « la prévalence de la compréhension sur le jugement ne vaut que pour les agressions de journalistes ».
L'une des postures préférées des hommes politiques qui, régulièrement, déclenche l'ire de notre auteur, est l'affirmation de la transparence. Il faut dire que Rousseau en est le vaniteux parangon dans ses « Confessions », alors que la franchise dont il s'honore n'est que le masque de sa vanité. De manière générale, l'exercice de la transparence est toujours en lui-même une mise en scène de plus.
Comment rencontrer le monde alors qu'on en fait déjà partie, qu'on y est immergé ? En étant un point de vue parmi des milliers. Jamais trop loin, ce serait le point de vue un peu méprisant de Sirius. Ni trop près, car le papillon se brûle en voulant trop connaître la flamme. Raphaël Enthoven a choisi quant à lui l'attitude par laquelle se définissait Raymond Aron, celle d'un « spectateur engagé ».
Raphaël Enthoven, « Morales provisoires », Éditions de L'Observatoire, 557 p., 21 €
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