« Sur les cendres en avant », de Pierre Notte

Une comédie musicale à cinq voix

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Publié le 21/04/2016
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Théâtre-Sur les cendres

Théâtre-Sur les cendres
Crédit photo : G. CITTADINI CESI

Pierre Notte a toujours aimé la musique, et proposé parfois des spectacles dans lesquels lui-même chantait, parfois avec sa sœur. Il écrivait les textes, composait les mélodies. Aujourd’hui, il passe à la vitesse supérieure en mettant en scène une sorte de comédie musicale de poche. Une pièce qui rappelle par ses couleurs mélodiques les œuvres de Michel Legrand, et qui pourrait être un hommage aux films de Jacques Demy.

Pierre Notte cultive les titres étranges. « Sur les cendres en avant » s’inspire du fait que l’on découvre deux appartements en miroir, dont l’un a été détruit par un incendie. À droite pour le spectateur, un espace calciné, dans lequel vit Mademoiselle Rose (Chloé Olivères). À gauche, un espace sans défaut, dans lequel vivent Macha (Blanche Leleu) et sa petite sœur Nina (Elsa Rozenknop). Leurs mondes vont être troublés par l’irruption d’une « femme armée » (Juliette Coulon). Au fond à droite, tournant le dos aux protagonistes, une pianiste (Donia Berriri). L’action est accompagnée d’une narratrice « off » : c’est Nicole Croisille, dont la voix fruitée apporte beaucoup à la représentation.

L’histoire ? Le mur qui sépare les deux appartements s’est effondré et les voisines doivent composer, malgré leurs oppositions. Macha vit de ses charmes. Nina rêve d’être sur les planches à Broadway. Mademoiselle Rose l’a peut-être séduite. La femme agressive est l’épouse d’un client de Nina et demande des comptes…

Sur cette base, les personnages se développent entre fantaisie quotidienne et espérances, ferments tragiques et cocasseries. Un charme extrême naît de la manière dont les quatre comédiennes chantent et chantent continûment, une heure trente durant, avec un naturel et une facilité apparente remarquables.

On connaît très bien la blonde Blanche Leleu et la brune Chloé Olivères, interprètes fines, déliées, aux spectres de jeu très larges. Elles ont de jolis timbres et donnent une évidence à cette aventure originale, comme le font la jeune Elsa Rozenknop et Juliette Coulon, qui chantent elles aussi avec une fluidité qui ravit. Bref, un drôle d’objet, très séduisant et émouvant.

Théâtre du Rond-Point, à 21 heures du mardi au samedi et le dimanche à 15 h 30. Durée : 1 h 30. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9490