IDEES - Du monothéisme à la race des seigneurs

Une étonnante exégèse biblique

Publié le 11/09/2012
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LA BIBLE n’est pas l’ouvrage ancien, donc fondamental, que l’on croit, établit l’auteur. Elle serait contemporaine de Socrate, des œuvres de Platon. Les Hébreux n’ont pas écrit leur langue avant le VIIIe siècle. « Si, dit Jean Soler, Iahvé avait écrit de sa main en hébreu "les Dix Commandements", les Israélites n’auraient pu déchiffrer ce texte avant plusieurs siècles. » Quant à Moïse, le scribe de la Tora, il est clair (?) qu’il ne savait pas écrire.

Jean Soler nous explique ensuite que les Hébreux vivaient au départ dans un monde polythéiste, même s’ils semblent avoir tout misé sur Iahvé. Un dieu qui pourtant les a bien déçus, n’ayant pu leur épargner ni les tourments de l’exil ni la destruction du temple de Jérusalem.

On ne voit guère pourquoi les Juifs auraient, comme l’affirme l’auteur, « inventé le monothéisme », alors qu’ils avaient un dieu jaloux et terriblement exclusif ! Le même auteur qui ajoute peu après : « Il est impossible de savoir quand et par qui cette idée a été formulée pour la première fois. » Par la suite, la démonstration s’embourbe encore. Les Juifs refusent Iahvéet le roi Josias invente de toutes pièces le prophète Moïse. Puis ils passent du monothéisme à la monolâtrie : adoration de leur dieu pourvu d’un mandat d’exclusivité, il n’y a qu’un seul dieu, au détriment des autres.

Massacre.

Ce que veut établir Jean Soler, c’est que les Hébreux étaient gens du massacre, de la loi intransigeante et de la sanction. La peine de mort pour les non-juifs « et pour ceux qui commettront un adultère, si l’on viole une jeune femme ou si l’on ose entreprendre un mâle », comme le rappelle l’écrivain juif Flavius Josèphe.

Soit, mais si l’on veut bien admettre ceci, on peut s’étonner que l’auteur, tantôt critique la véracité des textes anciens, tantôt les prend au pied de la lettre, quand ça l’arrange. Or, ce qui l’intéresse au premier chef, c’est de réunir les éléments spécifiques selon lui du modèle hébraïque et de s’élancer vers ce qui le démange depuis longtemps et que voici.

Pureté du sang, lois de fer, massacre par Josué de tous les non-juifs et on atterrit sur la sublime conclusion : le Führer a tout emprunté à l’idéologie biblique. « Le nazisme selon "Mein Kampf" est le modèle hébraïque auquel il ne manque même pas Dieu », nous est-il asséné. On peut à partir de là « effectuer des évidences », comme dirait Husserl, les Juifs n’ont pas à déplorer Auschwitz, puisque cela découle de leur propre idéologie ! On apprend ainsi qu’Hitler était un grand exégète de la Bible, qu’il y a trouvé toutes ses idées. Notons que Jean Soler se défend bien sûr d’être antisémite, arguant qu’il a vécu en Israël…

Jean Soler, « Qui est Dieu ? », Éditions de Fallois, 113 p., 17 euros.

ANDRÉ MASSE-STAMBERGER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9155