L’HISTOIRE est incroyable : dans les années 1940, des évadés du Goulag parcourent 10 000 km à pied de la Sibérie jusqu’à l’Inde en passant par la Mongolie, le désert de Gobi et l’Himalaya. Elle n’est d’ailleurs pas tout à fait vraie. « À marche forcée », le livre du Polonais Slavomir Rawicz, publié en 1956, dont s’inspire le film, n’est pas un récit autobiographique, comme l’ont montré de nombreuses recherches, dont un documentaire de la BBC ; si Rawicz a bien été déporté, il a été amnistié, et s’il a marché, c’est jusqu’au Moyen-Orient pour rejoindre l’armée polonaise. Cependant, explique le scénariste Keith Clarke, « au moins quatre prisonniers polonais ont vraiment fait ce périple incroyable depuis la Sibérie jusqu’en Inde ». Un itinéraire qu’ont suivi depuis des aventuriers tels que Sylvain Tesson, qui l’a raconté dans « l’Axe du loup » (2004), ou Cyril Delafosse-Guiramand, qui a servi de conseiller technique du film.
Peter Weir, de toute façon, tenait à la liberté de la fiction, à la possibilité de modeler les personnages de cette « fresque humaine ». Car si ces hommes sont constamment en lutte contre les éléments et la nature, c’est autant leur évolution psychologique qui fait le suspense que leur façon d’affronter tempête de neige, vent de sable, grand froid et chaleurs extrêmes – et bien sûr la faim.
Cette marche forcée, certains spectateurs peuvent la trouver longue (2 h 14), malgré la beauté des paysages traversés (la Bulgarie et le Maroc, car la Mongolie, le désert de Gobi, la Russie et la Chine étaient impraticables pour des raisons logistiques, techniques et politiques). Or, c’est bien cette épopée humaine qui fait l’intérêt de ces « Chemins de la liberté » (titre français peu inspiré, l’original étant « The Way Back »). Portée par un casting international convaincant, au premier rang duquel Jim Sturgess, Ed Harris, Saoirse Ronan, Colin Farrell, Mark Strong.
L’Australien Peter Weir, 66 ans, prend son temps. Il a signé une douzaine de films à peine et le plus récent, « Master et Commander », datait de 2003. De lui, on peut préférer ce dernier, ou encore « l’Année de tous les dangers », « le Cercle des poètes disparus » ou « The Truman Show ». Ces « Chemins » méritent cependant d’être suivis.
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