SEPT ANS après le succès de « Respiro », qui y a été tourné, Emmanuel Crialese revient sur Lampedusa. Il ne retrouve pas le lieu dont il se souvenait. « Mon rocher perdu au milieu de la mer est maintenant une terre frontalière. » À moins de 200 km de la Tunisie, l’île sicilienne, point de l’Italie le plus au Sud, est pour les immigrés clandestins une porte d’entrée pour l’Europe, même si elle est généralement fermée. Un jour arrive une grosse barque avec à son bord plus de 70 personnes, dont seulement 5 survivants, et parmi eux une femme, Timnit T.
Elle raconte son histoire et jouera son propre rôle dans le film, qui se veut fable et plaidoyer non seulement pour ces hommes et ces femmes qui ont bien le droit, selon le réalisateur, de chercher un lieu où mener une vie meilleure, mais aussi pour ceux qui les aident malgré la loi, sous peine de perdre eux-mêmes le peu qu’ils ont.
Le début du film montre la rude vie des insulaires. Quelques-uns veulent encore vivre de la pêche, alors que les instances européennes ou nationales seraient prêtes à payer cher la destruction de leur bateau – question de quotas. La plupart misent sur les activités touristiques de l’été. On devine que les premiers, parmi lesquels figurent bon nombre des anciens, sont aussi ceux qui, notamment au nom de l’antique code de la mer, sont prêts à aider les naufragés à la peau noire.
L’histoire est incarnée par une famille de pêcheurs qui n’arrive plus à joindre les deux bouts : un garçon de 20 ans, sa mère veuve (le père est mort en mer) et son grand-père. Confrontés au regard des touristes, au choc des modes de vie, quand ces derniers débarquent, puis au sort réservé aux clandestins, le jeune homme (Filippo Pucillo, qui vit à Lampedusa et a tourné dans « Respiro » et dans « Golden Door ») et sa mère (Donatella Finocchiaro) vont devoir prendre des décisions radicales.
Emmanuele Crialese prend son temps pour lancer son intrigue, occupé à filmer les mouvements de la mer et l’aridité immobile des terres volcaniques, dont sa mise en scène a parfois la sècheresse, que ne fait pas oublier la beauté des images. Puis l’on se laisse embarquer. « Terraferma », grand prix spécial du jury à la Mostra de Venise, n’est pas un film politique, une œuvre de dénonciation. Simplement une histoire humaine.
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