Une transcription remarquable

On ne sait pas ce qui émeut le plus dans ce moment de théâtre très particulier qui a bouleversé les spectateurs du festival « off » d’Avignon en juillet 2015. Sans doute est-ce d’abord la présence lumineuse et subtile du comédien qui l’a conçu et l’interprète qui touche profondément.

Emmanuel Noblet avait lu le beau livre de Maylis de Kerangal dès sa parution, en janvier 2014 et avait tout de suite « vu » le spectacle qu’il pouvait en faire. L’histoire d’un jeune surfeur qui meurt dans un accident de voiture et dont le cœur sera greffé dans la nuit qui suit, sauvant la vie d’une femme, a quelque chose de bouleversant, évidemment. On suit pas à pas le chemin éprouvant : que les parents acceptent est la première station d’une route d’autant plus difficile qu’il faut aller très vite.

Le livre a inspiré un film qui devrait sortir le 2 novembre. Ici, Emmanuel Noblet est à la fois le narrateur et les protagonistes. Il s’appuie sur quelques voix enregistrées, un peu de vidéo, de la musique, de très belles lumières. Il est étonnant de rigueur, de pudeur, de profondeur. Sous le regard de Benjamin Guillard, il a trouvé des solutions pour chaque situation et les traduit « dramatiquement » avec beaucoup de grâce.

Le livre possède de grandes qualités d’écriture et il est littéralement « palpitant ». Maylis de Kerangal a emprunté son titre à Anton Tchekhov : « Enterrer les morts, réparer les vivants », dit-on à la fin de « Platonov » dans la traduction d’André Markovitz et Françoise Morvan. Une formule frappante qui n’est pas pour rien dans la forte impression que font et le livre et le spectacle. À voir absolument. C’est un hommage puissant aux équipes médicales.                                                                                                        

Théâtre du Rond-Point, salle Jean-Tardieu, à 21 heures du mardi au samedi, à 15 h 30 le dimanche. Durée : 1 h 20. Jusqu’au 9 octobre. Relâche le lundi et le 13 septembre. Tél. 01.44.95.98.21, www.theatredurondpoint.fr