« Le Maître et Marguerite », d’après Mikhaïl Boulgakov

Une version très originale

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Publié le 17/05/2018
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Théâtre-Le Maître et Marguerite

Théâtre-Le Maître et Marguerite
Crédit photo : OLIVIA BOZZI

Le grand roman du Russe Mikhaïl Boulgakov (1891-1940) a toujours fasciné les gens de théâtre, et il ne se passe pas deux ans sans qu’on en découvre une nouvelle version.

« Le Maître et Marguerite » fut composé par l’écrivain à partir de 1928. Il ne le vit jamais paraître. Trois histoires s’y développent et pour les circonscrire abruptement on pourrait dire que, dans le Moscou des années 1930, livré à Staline et à ses hommes de main, surgit le Diable, sous l’apparence d’un magicien, Woland, escorté notamment d’un chat qui parle… Deuxième fil, Ivan, qui est écrivain et s’attache à faire revivre la Jérusalem de Pilate. Nous suivons les doutes de l’homme qui va décider du destin du Christ. Troisième fil, celui de l’amour de Marguerite et du Maître, qu’Ivan, le premier à avoir rencontré le Diable, pris pour un fou, jeté dans un asile, rencontre à l’hôpital.

C’est évidemment beaucoup plus compliqué et subtil. Un grand livre politique et philosophique qui ne parut qu’en 1967 en Allemagne, et des années plus tard dans son propre pays… Admirateur de Molière, Boulgakov mêle drame, tragédie et farce pure…

Igor Mendjisky a largement taillé dans la matière romanesque pour ne conserver que ce qui peut se jouer clairement sur un plateau. C’est un théâtre de tréteaux, avec des spectateurs sur trois côtés et une distribution réduite de huit comédiens, qui, sauf pour le Maître et pour Marguerite, jouent plusieurs personnages.

C’est très réussi, même si l’on peut avoir une petite réserve sur le jeu avec le public au moment de la séance de magie. Igor Mendjisky excelle à retrouver les couleurs fantastiques de Boulgakov, comme sa gravité et le lyrisme de l’amour. Son adaptation est conçue en un cercle, avec une première scène qui est aussi la dernière. Les fortes personnalités réunies, Romain Cottard en Woland, Esther Van Den Driessche en Marguerite, et tous leurs camarades, nous offrent un spectacle carnavalesque et profond aux moyens simples, astucieux, qui se développe en tableaux saisissants et émouvants.

Théâtre de la Tempête, à la Cartoucherie, à 20 heures du mardi au samedi, à 16 heures dimanche. Jusqu’au 10 juin. Durée 1 h 50. Tél. 01.43.28.36.36, www.la-tempete.fr

Armelle Héliot

Source : Le Quotidien du médecin: 9665