Variations dramatiques

Le Britannique Howard Barker est l’un des auteurs contemporains les plus originaux qui soient. À l’instar de son compatriote Edward Bond, il n’imagine pas un théâtre sans fondement politique, social. Cela n’interdit pas les belles histoires, et celle de « Tableau d’une exécution » en est une.

Dans la Venise du XVI^e siècle, les autorités commandent à une femme peintre, Galactia (Christiane Cohendy), un tableau qui glorifie la récente victoire de la Sérénissime sur la puissance ottomane, à Lépante. Mais elle ne veut que la vérité de la guerre, ses corps déchiquetés, ses ossements flottant à la surface de la mer, elle refuse de magnifier l’événement et provoque la colère de ses commanditaires. Une superbe figure de femme combattante et très féminine.

Un spectacle ample, qui se déploie sur le plateau des Célestins de Lyon (1), servi par une troupe excellente et une mise en scène lyrique et forte de Claudia Stavisky.

Autre femme d’exception, Iphigénie. Jean-Pierre Vincent a choisi de monter « Iphigénie en Tauride », de Goethe. Autour de Cécile Garcia Fogel, un groupe d’interprètes remarquables, avec notamment Vincent Dissez, Oreste, le frère retrouvé. Dans un très harmonieux décor de Jean-Paul Chambas, la tragédie est dense, bouleversante. À voir à Paris, aux Abbesses (3). Deux grands moments de théâtre.

Fuyez en revanche « la Ronde », de Schnitzler, pourtant à l’affiche du Vieux-Colombier (3). Mais de remarquables comédiens sont embarqués dans une adaptation prétentieuse et lourde qui trahit complètement l’esprit de l’ouvrage. Anne Kessler, qui signe la mise en scène, est ligotée par les idées fumeuses de Guy Zilberstein, qui signe traduction, adaptation scénique, scénographie. Désolant !

(1) Célestins de Lyon, jusqu’au 7 décembre. Tél. 04.72.77.40.00, www.celestins-lyon.org
(2) Théâtre des Abbesses, jusqu’au 10 décembre. Tél. 01.42.74.22.77, www.theatredelaville-paris.com/aux-abbesses
(3) Vieux-Colombier, jusqu’au 8 janvier. Tél. 01.44.58.15.15, www.comedie-francaise.fr