* L’écrivain franco-libanais et académicien Amin Maalouf (« Léon l’Africain », « Samarcande », « le Rocher de Tanios », prix Goncourt en 1993) transpose la réflexion qu’il développe dans ses essais (« les Identités meurtrières », « le Naufrage des civilisations » l’année dernière) dans un roman en forme de parabole. Dans « Nos frères inattendus » (1), il pose en préambule l’arrêt subit de toutes les communications et sources d’énergie. Un black-out qui va rapprocher Ève et Alec, retirés du monde sur un minuscule îlot et qui ne s’étaient jamais parlé. Que s’est-il passé ? Les hommes sont-ils allés au bout de leur folie ? Non, les « coupables » sont les amis d’Empédocle, des extraterrestres, qui, pour empêcher la possible et probable destruction de la Terre, ont décidé de prendre le contrôle du monde. Se réclamant de la Grèce antique et des valeurs qui ont fait sa grandeur, cette civilisation très avancée va à la fois créer le chaos et apporter le savoir et même l’immortalité. L’homme d’aujourd’hui saura-t-il en tirer profit ?
* Bernard Werber, qui fait partie des romanciers les plus lus en France et dans le monde depuis sa trilogie des « Fourmis », poursuit sa grande épopée féline. Après « Demain les chats » et « Sa Majesté des chats », « la Planète des chats » (2) se situe dans un temps où les guerres et une pandémie mondiale ont décimé les humains, où les rats ont envahi l’Europe et où Bastet, la reine autoproclamée, n’a plus comme solution que d’emmener les survivants à New York… envahi aussi par les rongeurs. Réfugiée dans un gratte-ciel, Bastet, connectée par le biais d’un port USB, doit rétablir sa suprématie au sein d’une étrange démocratie, reconstituée en 102 tribus qui ont du mal à se concerter afin d’élaborer des stratégies pour vaincre le puissant ennemi dirigé par un ancien rat de laboratoire.
* Très remarqué avec « la Purge », publié à l’âge de 22 ans, où il dénonçait la machine à broyer les individus qu’est l’éducation élitiste à la française, Arthur Nesnidal donne, deux ans après, une fresque sociale très engagée, sous la forme d’une dystopie. Dans une ville « aux allures rétrofuturistes », on suit le combat, perdu d’avance, d’un policier chargé d’inculper un financier qui dicte en coulisse sa conduite au gouvernement. « Sourde colère » (3) est la mise en lumière d’une société au bord de l’implosion, scindée entre un peuple écrasé prêt à se soulever, et une classe politique sans foi ni loi.
Les jeunes à l'épreuve
* Après sa trilogie « Silo », best-seller mondial dans lequel quelques milliers de survivants établissaient une société dans un silo souterrain de 144 étages, puis l’univers suffocant d’« Outresable », « Une colonie » (4), l’un des premiers romans de l’Américain Hugh Howey, nous expédie dans l’espace. Ce sont en fait 500 blastocystes qui y ont été envoyés, avec les machines et l’intelligence artificielle nécessaires pour qu’ils se développent et s’éduquent jusqu’à leur maturité. Après l’explosion du vaisseau quinze années plus tard, ils ne seront qu’une soixantaine d’humains à poser le pied sur une planète inconnue : une bande d’ados démunis, aux prises avec un environnement hostile, une IA bêtement programmée et surtout des dissensions dans le groupe.
* Auteures spécialisées dans la littérature jeunesse (la série « Oksa Pollock », notamment), Anne Plichota et Cendrine Wolf signent avec « le Rêve d’un autre monde » (5) un roman très ancré dans le réel. Les jeunes, encore une fois, doivent réinventer le monde face aux nouveaux périls. L’histoire se déroule à la fois au Venezuela, dans un bidonville de 45 étages à Caracas, où la lutte pour la survie est quotidienne, et en France, près de la dune du Pyla, quand le dérèglement climatique conduit à un chaos tant environnemental qu’économique et sécuritaire.
* Les fans de Netflix ont apprécié le film tiré de « Birdbox », un récit postapocalyptique de Josh Malerman, par ailleurs chanteur et parolier du groupe de rock The High Strung. « Inspection » (6), son deuxième roman, est un thriller dystopique qui met en scène 25 élèves, les Garçons Alphabet, dans une école coupée du monde où P.E.R.E. ne leur enseigne que des morceaux choisis de savoirs, tandis que, plus loin, 25 Filles Lettres sont pareillement formatées par M.E.R.E.. Les uns et les autres ignorent qu’il existe un sexe opposé, car, selon leurs mentors, c’est la condition pour que les enfants deviennent des génies. Un jour évidemment, J le garçon et K la fille vont (se) poser des questions.
* « Les Larmes du cochontruffe » (7) est un roman de l’Américain Fernando A. Flores, né au Mexique et qui vit au Texas, les deux cadres de l’histoire. Une histoire bizarre qui se déroule dans un futur indéterminé. La légalisation de la drogue a conduit les cartels mafieux à se reconvertir dans le « filtrage », qui consiste à recréer des animaux disparus, et le trafic de tzantas, des têtes d’Indiens coupées et réduites. Pour leur plus grand profit et au prix de maintes violences. Dans ce monde de demain dominé par la corruption, la cupidité, le racisme et les inégalités, deux hommes vont croiser le chemin du mythique cochontruffe des indiens Aranañas. Un roman noir atypique et décalé.
(1) Grasset, 330 p., 22 €
(2) Albin Michel, 424 p., 21,90 €
(3) Julliard, 141 p., 17 €
(4) Actes Sud, 293 p., 22 €
(5) XO, 376 p., 18,50 €
(6) Calmann-Lévy, 456 p., 21,90 €
(7) Gallimard, 322 p., 20 €
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