CINEMA - « Coup d’éclat », de José Alcala

Violence sociale

Publié le 04/05/2011
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Crédit photo : DR

FABIENNE vit seule avec sa mère très malade. Capitaine de police, elle passe la majeure partie de son temps à traquer les sans-papiers et clandestins. Un jour, elle interroge une prostituée qui prétend avoir un fils. Quand la jeune femme est retrouvée morte, elle part sur la trace de l’enfant, commençant à dévier de sa trajectoire officielle.

José Alcala, dont c’est le deuxième long métrage après « Alex », sorti en 2005, centre son film sur la policière et son enquête, sans se préoccuper d’évoquer le passé de ses personnages ou de dénouer véritablement l’intrigue. Un flou qui laisse sur sa faim et qui fait conclure à certaines invraisemblances du récit. On imagine par exemple que dans la réalité, un policier n’aurait pu prendre de telles libertés avec ses obligations.

Mais c’est un péché véniel au regard des qualités du film. D’abord, le choix et l’utilisation des décors : chantiers quasi-abandonnés, usine en train d’être démantelée, mobile-homes défraîchis… Dès les premières secondes, le cinéaste établit l’ambiance sombre - bien qu’on soit du côté de Sète -, étouffante, de son film. Le gris, c’est la couleur du réalisme pour parler de la violence sociale – « pas la violence de cinéma où tout se règle d’un coup de pistolet », souligne le cinéaste, la violence qui touche les ouvriers dépossédés de leur travail ou les clandestins empêchés de trouver tout moyen de survie.

Et pourtant, tout n’est pas désespéré. Dans sa routine de traque des immigrés et dans sa solitude, l’héroïne n’a pas oublié son humanité. Elle est jouée par Catherine Frot avec une ambiguïté qui n’exclut pas une forme de chaleur. Marie Raynal incarne l’autre femme forte du film et Karim Seghair donne beaucoup d’épaisseur à son rôle.

Dans le paysage très encombré du polar, José Alcala n’est pas loin d’avoir fait un coup d’éclat.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8955