Cinéma/« Une exécution ordinaire », de Marc Dugain

Visage d’un tyran

Publié le 09/02/2010
Article réservé aux abonnés
1276102172F_600x_127167_IMG_28946_1265777180308.jpg

1276102172F_600x_127167_IMG_28946_1265777180308.jpg
Crédit photo : DR

« J’AI TOUJOURS professé que c’est en passant par la fiction que l’on pouvait s’approcher au maximum de la réalité », dit Marc Dugain. Le dirigeant d’entreprise devenu écrivain a mis en pratique cette profession de foi dès son premier roman, couronné de nombre prix, « la Chambre des officiers », puis, pour rester dans le domaine historique, avec « la Malédiction d’Edgar » et « Une exécution ordinaire », paru en 2007. Mais ressusciter un grand personnage de l’histoire dans un livre est une chose, lui donner chair et visage au cinéma en est une autre. Dugain n’a pas hésité à se lancer, sous la houlette du producteur Jean-Louis Livi. Dans une première expérience de réalisateur qui était donc à hauts risques.

En se penchant sur les derniers jours de Staline, l’auteur a voulu tenter de comprendre, d’un point de vue subjectif plus que rigoureusement historique, la monstruosité du personnage : « Qu’est-ce qui m’effraie en lui, en quoi représente-t-il pour moi une dérive de l’être humain ? ». Nous sommes en 1952, le « petit père des peuples » a fait disparaître 11 médecins, dont 7 sont juifs, en inventant un « complot des blouses blanches ». Parmi eux son médecin personnel, Miron Vovsi. Staline est très malade, souffrant notamment d’artérite. Dugain imagine qu’il convoque une jeune médecin, aux talents réputés de magnétiseuse, pour soulager ses douleurs. Et pour préserver le secret, il fait faire le ménage autour de la malheureuse.

Histoire et fiction sont ainsi mêlés dans la terrible confrontation entre le tyran et la jeune femme. Il serait difficile d’y adhérer si André Dussollier, dans une remarquable création, et Marina Hands ne donnaient une grande vérité à ces deux figures. Les autres protagonistes (le mari Édouard Baer, le chef de service Grégory Gadebois, le directeur de l’hôpital Tom Novembre et le concierge Denis Podalydès) sont moins bien dessinés et donc moins crédibles, les acteurs n’y pouvant rien.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8705