Visite guidée

Classique

Un tiers seulement des Français sont allés dans une salle de concert au cours des dernières années, parmi lesquels 20 %, principalement issus des classes favorisées, ont fréquenté des concerts classiques. Laurent Bayle, président de la nouvelle Philharmonie de Paris, un des projets les plus décriés de la dernière décennie, avec son budget de 386 millions d’euros, y voit le risque de « la mort du répertoire symphonique et, au-delà, de pans entiers de notre patrimoine ». La Philharmonie a l’ambition d’inverser la tendance. Installée dans le Parc de La Villette, à l’Est de Paris, l’entité regroupe l’actuelle Cité de la musique et le nouveau bâtiment conçu par Jean Nouvel. Un projet allant dans le sens de l’évolution de la demande culturelle, qui suscite des pôles spécialisés, comme le grand Kultur Forum à Berlin ou la rive sud de la Tamise à Londres.

Outre l’outil très perfectionné que sera la nouvelle salle de concert, le bâtiment comprendra une aile éducative, pédagogique avec des activités ciblées (ateliers, expositions, cours, films), des espaces conviviaux (restaurants, cafétérias) et surtout des zones de déambulation, dont le toit du bâtiment avec vue panoramique sur le Grand Paris. La Philharmonie offrira de plus, ce que n’ont pas réussi d’autres capitales, comme Berlin, où la Philharmonie est engoncée dans un recoin du Forum culturel, un environnement propice à la promenade. Les autorités culturelles espèrent ainsi attirer un public nouveau par âges et origines sociales, pour prendre la relève du public actuel des salles de concert regroupées dans l’ouest et les quartiers privilégiés de la capitale.

Quelles seront les caractéristiques de la nouvelle salle ? L’Auditorium de 2 400 places devrait garantir une visibilité et une proximité optimales, avec une distance de 32 m maximum entre le chef d’orchestre et le spectateur le plus éloigné. Deux acousticiens de réputation internationale, Harold Marshall et Yasuhima Toyota, sont à l’œuvre pour réaliser l’aspect le plus difficile et imprévisible du projet.

Quels seront les orchestres résidents ? L’Orchestre de Paris et l’Ensemble Intercontemporain seront les deux permanents. Une incertitude demeure sur les orchestres de Radio France, dont la vocation serait de rejoindre le nouvel auditorium de la Maison de Radio France, qui devrait ouvrir en septembre prochain. Parmi les orchestres étrangers qui ont habitué Paris à des visites régulières, les Berliner Philharmoniker, le London Symphony Orchestra, l’Orchestre du Mariinsky, celui du Concertgebouw d’Amsterdam et le New York Philharmonic sont annoncés pour la saison à venir (ceux de Vienne, Saint-Pétersbourg, Philadelphie et le Philharmonia de Londres restant fidèles au Théâtre des Champs-Élysées). Les prix devraient être attractifs, avec des baisses allant jusqu’à 25 % par rapport à Pleyel, l’Orchestre de Paris ayant diminué ses tarifs de moitié (ce qui n’empêche pas une hémorragie d’abonnements, non renouvelés par des auditeurs réfractaires à la délocalisation).

L’une des grandes critiques faites au projet est l’accessibilité du lieu. Outre un horaire retardé à 20 h 30 (alors que l’avancement de l’horaire a toujours été considéré comme un grand progrès dans le planning des Parisiens), sont prévus un parking supplémentaire de 650 places, un service gratuit de navettes après les concerts vers l’Étoile et Denfert-Rochereau, et l’éventualité d’optimiser avec la RATP le trafic dans des créneaux horaires spécifiques. Et la ligne de RER qui passe dans le nouveau quartier rénové de Pantin-Grands Moulins devrait être dans un futur non précisé prolongée jusqu’à l’Étoile et La Défense.

Sil est difficile en visitant aujourd’hui le chantier de la Philharmonie de se faire une opinion sur l’état d’achèvement du projet, les travaux sont assez avancés pour juger de la qualité de la construction de Jean Nouvel et de son esthétique, qui devraient être admirables.

Demandez le programme

Quant au programme, il est déjà possible d’acheter des places pour les 270 manifestations de la saison 2015, qui devrait commencer mi-janvier avec deux concerts de l’Orchestre de Paris dirigés par Paavo Järvi, avec des solistes prestigieux et emblématiques – Hélène Grimaud, Renaud Capuçon et Lang Lang – et la création d’un concerto pour orchestre de Thierry Escaich. Le Chœur de l’Orchestre de Paris dirigé par Lionel Sow donnera dans la foulée « Carmina burana » de Carl Orff. Le premier orchestre invité sera le West-Eastern Divan Orchestra de Daniel Barenboïm (19 janvier), suivront ceux du Venezuela, du Capitole de Toulouse, et les Berliner Philharmoniker en février. Le premier récital sera donné par Hélène Grimaud (20 janvier). Parmi les projets pédagogiques, la grande exposition consacrée à David Bowie par le Victoria and Albert Museum de Londres sera présentée du 3 mars au 31 mai.

Philharmonie de Paris, Avenue Jean-Jaurès, Paris 19^e, tél. 01.44.84.44.84, www.philharmoniedeparis.fr.