Pour quelle raison un mélomane associe-t-il l’Abbaye aux Dames à la musique baroque ? Pour le festival qu’elle abrite en ses murs, dont la 46e édition s'est déroulée en juillet avec la « Sérénade burlesque » de Clérambault. Mais si l’abbaye est la gardienne du temple de la musique ancienne, elle est aussi à l’avant-garde de la technologie du son. Expérience sensorielle sans précédent en France, ce lieu historique propulse les candidats au voyage dans la troisième dimension sonore, grâce au son binaural.
Fondée au XIe siècle, l’Abbaye aux Dames est l’un des plus grands monastères de femmes en Saintonge. La puissance des abbesses était telle qu’elles battaient monnaie et portaient la crosse. Au temps de sa splendeur, l’Abbaye, placée sous la règle de saint Benoît, peut compter jusqu’à 100 moniales. Dès l’âge de 11 ans, Françoise de Rochechouart, future Madame de Montespan, y séjourne pour son instruction, comme nombre de jeunes filles de la noblesse. Au XVIIe, deux incendies l’endommagent. La Révolution en fait une prison et le Premier Empire une caserne militaire. L'Abbaye sera rendue au culte en 1939 après avoir été rachetée par la ville quelques années plus tôt.
C’est au premier festival de musique baroque que ce joyau de l’art roman doit sa renaissance en 1972. Sauvée des ruines par la musique, l’Abbaye trouve la voie d'un rayonnement à l’international. À l’estival festival s’ajoutent des résidences d’artistes, de nombreux concerts à l’année, une formation unique aux instruments anciens et le JOA, Jeune Orchestre aux Dames, qui rassemble de talentueux musiciens du monde entier.
Cité musicale désormais reconnue, l’Abbaye aux Dames revisite le concept de la visite guidée à travers un parcours atypique historique et musical en 12 étapes et en immersion sonore à 360 degrés. Réalité sonore magistralement augmentée, le parcours de Musicaventure n’est pas une simple invitation au voyage. La musique vous parle. « Enfin ! », pour certains, ou « toujours » pour d’autres.
Cette expérience sensorielle et connectée (le visiteur est équipé d'un casque audio et d'un smartphone) se décline en deux voyages. Personnifiée, la musique est le guide privilégié de l’option « initiatique ». Elle se livre et se dévoile à travers de très belles polyphonies et d’autres expressions musicales. Dans la version dite « héroïque » du voyage, c’est votre casque 3D lui-même qui vous interpelle. Le plus formidable dans cette expérience inédite d'immersion sonore totale, c’est la sensation de voir ce que l’on vous donne à entendre. Nos oreilles font leur cinéma !
Aucun recoin de l’Abbaye n’aura de secrets pour les aventuriers, envoûtés par les sons et par l’esprit des lieux. Le circuit ludique de 12 étapes balisées vous mène partout, jusqu’au sommet du clocher. Grâce à la technologie du son binaural, vrai sacre des tympans, le grand saut dans l’histoire devient inoubliable. Il est quasi impossible de distinguer ce que l’on vous donne à entendre de ce que vous produisez vous-même comme sons (comme le bruit de vos pas sur les gravillons, intégré au scénario des voyages sonores, ou le vrombissement des avions qui semblent voler au-dessus de votre tête pour bombarder Saintes lors de la dernière guerre). Pas question de faire la sourde oreille à pareille expérience. Il convient même, au contraire, d’y ajouter celle du concert spatialisé et de ressentir la musique dans la peau d’un chef d’orchestre.
Souvenirs des premiers siècles
À Saintes, on ne manquera pas par ailleurs l'amphithéâtre gallo-romain (40-50 après J. C.), l'un des mieux conservés de « la Gaule chevelue » (Belgique et France), l’arc de Germanicus, érigé en 18-19 de notre ère, et le musée archéologique. Non plus que la Basilique Saint-Eutrope, église de pèlerinage classée à l’Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sa crypte souterraine abrite le cénotaphe où sont contenus les restes du saint, évêque martyr évangélisateur de la Saintonge. De magnifiques chapiteaux aux motifs végétaux coiffent de nombreux piliers.
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