C'est un « véritable appel au secours » que vient de lancer le Dr Jacques Talec, médecin retraité actif de 66 ans à Tonneins, au sujet de la démographie médicale. La désertification gagne son secteur et, plus largement, son département du Lot-et-Garonne. « La pénurie de soins médicaux primaires s'installe en milieu rural (...). La situation commence à devenir explosive et j'entends quelques maires parler de se regrouper en collectif », écrit le médecin dans son « SOS » à Olivier Véran et à l'agence régionale de santé (ARS).
Le praticien n'est pas du genre à rester les bras ballants. En 2018, sollicité par des élus locaux (pressés par les habitants dépourvus de médecins traitants), le Dr Talec fut à l'initiative d'un centre de santé, couvrant la commune de Tonneins (9 000 habitants) et un bassin de vie de 20 000 habitants. Pour attirer les jeunes médecins, la structure mise sur la qualité des soins, « le confort de travail avec 3 ou 4 actes par heure avec une absence de gestion, de paperasserie » et « une autonomie financière ».
Mieux répartir l'offre
Ce centre est géré par une association loi 1901 dans laquelle siègent élus et professionnels. « J'essaie de négocier pour que les salaires soient attractifs. Un médecin à temps plein est rémunéré actuellement 5 300 euros à 5 400 euros. Mais je souhaiterais qu'ils puissent toucher jusqu'à 6 000 euros pour pérenniser l'installation », confie-t-il au « Quotidien ». De fait, le centre de santé tourne avec sept médecins dont quatre retraités à temps partiel. « Insuffisant » en cas de départ des praticiens retraités. « Il faudrait trouver 4 à 5 médecins pour les remplacer », avance le généraliste.
Dans son courrier aux tutelles, le Dr Talec fait valoir « qu'aider les urgences des hôpitaux, c'est bien mais ces aides seront vite dépassées si la régulation de la médecine des soins primaires n'existe pas ». « Il n'y aura bientôt déjà plus de médecins pour assurer les gardes de nuit de semaine et celles de week-end », observe-t-il. Sans compter que la continuité de soins en journée est elle aussi devenue impossible « par endroits ».
D'où son appel à des mesures plus directives envers la médecine libérale, qui sont généralement défendues par les élus locaux. « Les mesures attractives ne marchent pas, recadre le généraliste. Il va bien falloir réguler l’installation des médecins à un moment donné ». « J’attends qu’on prenne des dispositions au niveau ministériel, universitaire et ordinal pour répartir les médecins en surnombre dans certains endroits », conclut-il. Le médecin suggère aussi que les étudiants s'engagent – dès le début de leur cursus – à s'installer pendant cinq ans dans des zones déficitaires.