Les agriculteurs ont manifesté il y a quelques jours de cela leur colère vis-à-vis du gouvernement. Ils ont souhaité rappeler par les blocages des autoroutes qu’ils existaient. Cette bronca est une manifestation de colère d’une catégorie de travailleurs, situation qui peut se superposer à celles des médecins à plusieurs titres :
1/Tout d’abord nous voyons depuis quelques années que l’exécutif n’est plus à l’écoute de la base qui souffre. Ainsi, les agriculteurs ont manifesté il y a quelques mois de cela leur ras-le-bol en inversant les panneaux d’entrée des villages.
Ce cas de figure est également observé au sein des services des urgences où certains chefs de service montent régulièrement au créneau pour dénoncer leur manque de moyens et de personnels. Une nouvelle fois l’exécutif reste sourd aux revendications de ces professionnels pourtant méritants. Il tente de désamorcer la crise en donnant quelques euros pour des gardes de week-end ou le travail de nuit, mais jamais ces têtes pensantes ne s’occupent du fond du problème.
2/ Les agriculteurs ont montré qu’ils étaient corvéables 7 jours/7 pour un salaire qui n’excède pas, le plus fréquemment, le SMIC. Par ailleurs, ils ont annoncé qu’ils croulaient sous le poids des charges en tout genre, ce qui contraignait certains à quitter cette profession ou d’autres à malheureusement se suicider.
En ce qui concerne les médecins la problématique est similaire car les négociations conventionnelles patinent avec le distributeur, pardon le directeur de la Cnam, qui impose certaines compensations en cas de revalorisation. On se fait mener en bateau car, comme pour les agriculteurs, ce sont des interlocuteurs qui sont sagement assis dans leurs bureaux qui mènent le bal.
3/Le poids des règles administratives parfois peu cohérentes avec des contrôles trop réguliers en ce qui concerne l’utilisation des produits phytosanitaires chez les fermiers, mais aussi ce qui est plus grave la gestion de leur parc agricole. Nous devons avoir à l’idée que le nombre d’exploitations ne cesse de décroître, mais par contre le nombre d’administratifs en charge au sein des ministères et délégations du secteur agricole augmente démesurément.
Ce cas de figure est également observé chez les médecins. Les hospitaliers doivent composer avec les humeurs parfois peu fondées de certains cadres administratifs qui refusent tel ou tel achat. Ils sont dans l’obligation d’accepter de remplir des documents qui n’ont pour certains que peu d’utilité, tout cela pour permettre à certains cadres hospitaliers de briller en haut lieu.
Comme pour les agriculteurs, ce sont des interlocuteurs qui sont sagement assis dans leurs bureaux qui mènent le bal
Nombreux sont les syndicalistes hospitaliers qui ont dénoncé cette situation, et ont exigé des coupes franches au sein des effectifs de cette caste très implantée au sein des établissements. Les membres de l’exécutif ont reconnu, chiffres à l’appui, que cette masse salariale parfois inutile devait être réduite.
Les libéraux subissent aussi les règles imposées par les administratifs de tout bord.
Outre le fait que la charge de travail ne cesse d’augmenter, on ne souhaite les revaloriser que moyennant des exigences toutes particulières dont le but est de décourager certains confrères.
Un exemple flagrant est celui de la rubrique Rosp au sein du site de la Sécurité sociale. Le médecin doit remplir consciencieusement les paramètres établis par les agents de la sécurité sociale pour gagner un 13e mois (ce qui est énoncé par le directeur de la Cnam). Ce qui est absurde, c’est le fait que la Sécurité sociale pourrait avec une plus grande fiabilité, et en un tour de main, remplir ces rubriques.
Mais c’est plus excitant de faire perdre du temps aux libéraux qui ne comptent plus leurs heures de travail.
4/ Une moindre reconnaissance du rôle des agriculteurs au sein de la société est un leitmotiv que nous observons fréquemment. On les oublie facilement, et on se dit qu’après tout avec l’Europe et la mondialisation des échanges nous aurons la possibilité d’obtenir des denrées alimentaires à moindre coût, ce qui ne doit pas nous tracasser. Cette façon de se comporter se majore par le fait que le pouvoir d’achat des Français se réduit de manière considérable.
Les médecins et autres professionnels de santé ne sont également pas pris au sérieux, et même pire ils sont régulièrement vilipendés par les médias qui les prennent pour des nantis ou des réactionnaires qui adhérent aux valeurs du « grand capital ».
Au final nous voyons que les professionnels (les médecins et les agriculteurs ne sont pas les seuls concernés par ce manque de considération) sont souvent pris pour cible, et mal reconnus par les politiques.
Ces cols blancs oublient que ces citoyens font bouillir la marmite, et devraient être plus respectés.
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