Hors de contrôle, c’est ainsi que la Cour des comptes qualifie la trajectoire des comptes sociaux. Dans un rapport sur l’application des lois de financement de la Sécurité sociale dévoilé en début de semaine, les Sages de la rue Cambon avertissent d'« un risque croissant de crise de liquidité (qui) pèse sur (les) conditions de financement (de la dette sociale) ». Le point de bascule pourrait intervenir dès 2027, le niveau extrême d’endettement ne pouvant plus être supporté par les caisses dédiées. La Cour des comptes pointe ainsi le dérapage du déficit de la Sécu en 2024 : près de 5 milliards de plus que prévu, soit un total de plus de 15 milliards. En cause, des recettes bien moindres que budgétées mais aussi une augmentation des dépenses de la branche maladie (pour un quart du dérapage). Or, les perspectives pour 2025 ne sont guère rassurantes. Le déficit devrait dépasser les 22 milliards. « Cette prévision est en outre fragile car elle repose sur des hypothèses optimistes de croissance. Elle suppose la réalisation de mesures d’économie sans précédent pour l’Assurance-maladie (5,2 Md d’euros) et une bonne tenue des dépenses de soins de ville, responsables du dérapage en 2024 », précise l’administration.
L’étau des économies continue donc de se resserrer
Alors on fait quoi ? Sans surprise, les Sages préconisent des mesures d’économies. Pour l’Ondam (objectif national de dépenses d’Assurance maladie), ils invitent à « préparer un programme pluriannuel de mesures de maîtrise de la progression des dépenses » dès le projet de loi de financement de la Sécu 2026, habituellement discuté à l’automne. La Cour propose de miser sur la prévention en santé, « en réorganisant l’offre de soins des établissements de santé et des établissements et services médico-sociaux et en recherchant un partage des efforts entre les acteurs du système de santé ». Les Sages ciblent également l’intérim paramédical dans les hôpitaux, dont le coût a plus que triplé entre 2019 et 2023 dans les établissements publics. Ils s’attaquent également aux pharmacies d’officine, recommandant notamment de fonder la rémunération de la délivrance de médicament sur l’acte de dispensation au patient, indépendamment du nombre de boîtes.
Mi-avril, le Premier ministre préparait les esprits à un tour de vis budgétaire dans une allocution intitulée La vérité permet d’agir. La Cour des comptes avait à cette occasion présenté 15 mesures avec à la clé quelque 20 milliards d’euros d’économies d’ici à 2029. L’étau continue donc de se resserrer alors que François Bayrou a promis de proposer « ces grands choix » avant le 14 juillet.
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