Le premier tour des législatives a eu lieu et la participation a été en nette hausse, signe que les Françaises et le Français souhaitent choisir activement l’avenir de leur pays. À la veille du second tour, que peut-on attendre de la prochaine législature en matière de santé ? En effet, selon les scénarios au soir du 7 juillet, le soin et la façon de le dispenser dans notre pays pourraient être concernés de façons bien différentes.
Tout d’abord, si aucune majorité claire ne se dégage, nous serions dans le scénario du statu quo. Pas de majorité équivaudrait à l’absence de ministre de la Santé stable et durable, une fois encore. Pas de majorité reviendrait donc à concéder qu’il n’y aurait pas de loi votée aisément par le parlement, au moins jusqu’aux prochaines élections législatives, dussent-elles intervenir dans un an ou plus. Exit dans ce cas une éventuelle reprise des discussions concernant une loi encadrant la fin de vie, ou toute proposition de loi permettant d’améliorer la santé de nos concitoyens. Les blocs, tous minoritaires, joueraient avec la quasi-certitude d’un jeu politicien visant à ne pas faire alliance avec l’un des autres blocs, pour mieux préparer le clivage qu’ils estiment nécessaire lors des prochaines élections.
Le scénario du pire
Si une majorité d’extrême droite devait voir le jour, alors le scénario du pire entrerait en jeu. Nous aurions une France qui serait alors gouvernée par un parti oubliant l’universalité de notre pays, et pour nous, soignants, le nécessaire soin à tout être humain, peu importe son origine, sa nationalité ou son orientation sexuelle. Une majorité d’extrême droite verrait arriver au ministère de la Santé un nouveau ministre de même sensibilité. Comment nous comporterons-nous si cette nouvelle femme ou ce nouvel homme désigné venait à édicter des règles contraires à nos principes, notre morale ou, tout simplement, le serment que nous avons toutes et tous prêté ? « Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d’un troupeau », écrivait Jean-Jacques Goldman dans « Né en 17 à Leidenstadt ». Comment réagirions-nous ? Notre façon de prendre en soin les patients changerait-elle à cause de cette nouvelle équipe ministérielle, ou aurions-nous davantage de difficultés à garder notre neutralité bienveillante, sachant qu’une majorité des patients que nous aurions à soigner aurait amené ce parti au pouvoir ? Aurions-nous la possibilité de faire jouer notre clause de conscience si des directives contre-nature étaient formulées ? Aurions-nous tout simplement encore le droit de prétendre à une clause de conscience ?
Si la majorité était du côté du Nouveau Front populaire, il est possible d’imaginer que le soin dans notre pays continuerait à être prodigué à toutes et tous, sans distinction. Nous pourrions imaginer que des lois essentielles pour notre pays verraient alors le jour avec des débats que nous espérerions plus apaisés de la part de ceux qui, avant les élections, aimaient se donner en spectacle dans l’Hémicycle. Une amélioration du soin, peut-être une amélioration des conditions de travail également. Mais… qu’en serait-il alors des médecins à qui l’on demanderait de travailler davantage, qui accepteraient sûrement, comme souvent, de le faire ? Verraient-ils leurs « profits », augmenter naturellement puisque notre pays fonctionne dans cette logique du (presque) tout paiement à l’acte, pointé du doigt. Combien refuseraient de travailler plus, si ce surcroît de travail en milieu libéral devait s’accompagner d’une taxation plus importante de leurs bénéfices ? Combien, même, décideraient de travailler moins, puisque les mesures fiscales les y inciteraient ?
Bien malin qui pourrait déjà savoir avec certitude à quelle sauce la santé et notre beau pays seront mangés
Et s’il s’agissait d’une majorité au centre, notre pays pourrait-il continuer dans la lignée des sept précédentes années, marquées par un pouvoir qui n’a que peu écouté ses soignants et les a parfois pointés du doigt comme étant les seuls responsables des problèmes démographiques de notre pays ? S’agirait-il d’un changement dans la continuité ou d’un réel changement ?
Et pourquoi pas le scénario d’un gouvernement d’union nationale ?
À cette heure, personne n’a de boule de cristal et bien malin qui pourrait déjà savoir avec certitude à quelle sauce la santé et notre beau pays seront mangés. À moins qu’un quatrième et ultime scénario ne puisse voir le jour. Celui d’un gouvernement d’union nationale transpartisan entre députés issus de partis dits républicains. Situation inédite, certes, et qui permettrait peut-être à notre pays d’avancer enfin en limitant les querelles politiciennes stériles. Mais ce dernier scénario imposerait d’avoir des élus du peuple ayant pour ambition d’œuvrer pour le bien du pays et non en vue des échéances électorales suivantes. Histoire, comme le concluait Goldman, « qu’on nous épargne toi et moi si possible très longtemps d’avoir à choisir un camp ».
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