Éditorial

Douche froide

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Publié le 27/06/2025
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Depuis quelques semaines, les alertes se multipliaient sur le « dérapage sérieux » des dépenses maladie en 2025. Une manière de préparer les esprits à un serrage de vis ? Cela ne faisait aucun doute. Pourtant, rien ne laissait présager que les premiers touchés seraient, les kinés et les dentistes, les médecins spécialistes. Sont en effet concernées des mesures de revalorisations tarifaires, obtenues de haute lutte et inscrites dans la Convention signée en juin 2024, après plus de deux ans de discussions, de mobilisations, le passage par un règlement arbitral…

Las, ces hausses de tarifs de consultations qui devaient s’appliquer au 1er juillet 2025 sont finalement gelées pour six mois, au grand désarroi de sept spécialités souvent au bas de l’échelle des revenus : pédiatrie, psychiatrie, gynécologie, dermatologie, endocrinologie, gériatrie et médecine de réadaptation. Si cette procédure de report est prévue dans le code de la Sécurité sociale, elle a un goût amer pour les libéraux, qui se sentent comme « les dindons de la farce », cingle le Dr Patrick Gasser, président d’Avenir Spé. Le Dr Bruno Perrouty, président des spécialistes de la CSMF, dénonce, lui, « une rupture du pacte conventionnel », quand Les libéraux de santé(LDS) y voient « une trahison, un coup de massue ».

Les libéraux ne sont-ils pas aujourd’hui les victimes collatérales du dérapage hors norme des comptes de la Sécu ?

Une décision d’autant plus incompréhensible que le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie notait le 18 juin, dans un avis, une trajectoire « globalement en ligne avec la prévision » en matière de soins de ville, avec néanmoins dans le viseur une « importante exception » : les indemnités journalières. Ce mardi, le directeur de la Cnam a par ailleurs présenté son rapport Charges et produits, rendez-vous annuel lors duquel il dévoile ses orientations pour la maîtrise des dépenses de santé et qui préfigure certaines mesures du budget de la Sécu pour 2026, débattu à l’automne au Parlement. Au menu : 3,9 milliards d’euros d’économies. Et si Thomas Fatôme cible la réduction des indemnités journalières pour 300 millions ou encore la pertinence des soins pour 800 millions, le financement des consultations ne semble pas dans la ligne de mire, contrairement aux dépassements d’honoraires.

Même si chacun admet la nécessité de trouver des solutions pour sauvegarder le modèle social, les libéraux ne sont-ils pas aujourd’hui les victimes collatérales du dérapage hors norme ? En ce début de semaine, de premiers appels à mobilisation émanaient de représentants de la profession. À suivre…


Source : Le Quotidien du Médecin