Au décours de la programmation d’un journal télévisé, j’ai eu la surprise de visionner deux reportages quelque peu stupéfiants :
Le premier donnait des « idées » pour réduire la problématique des déserts médicaux dans les campagnes en mal de praticiens. Un camion aménagé sillonne les zones dépourvues de professionnels de santé, et traque les patients n’ayant pas de médecins traitants (ce sont ceux qui méritent le plus les soins de professionnels aguerris).
Ce qui était très amusant, mais aussi très intéressant, c’était de voir que les collègues officiant étaient deux femmes en fin de carrière. Au fil du reportage nous voyons la grande disponibilité de l’équipe qui accepte sans sourcilier d’attendre, au-delà de leurs horaires de présence, un patient âgé qui avait une bronchite depuis une quinzaine de jours.
Aller chercher les patients jusqu'au supermarché
Par la suite nous avons pu voir les actions d’une autre collègue, qui visiblement en mal de patients (il semble difficile de ramener aux soins certaines personnes qui ont été ignorées des pouvoirs publics pendant des années), a tenté une expérience.
Pour ce faire elle n’a pas hésité à aller chercher, avec la contribution de la conductrice du bus, les patients à l’extérieur d’un supermarché.
Eh oui, il est important de chercher le patient là où il fait ses courses pour le ramener vers une valeur importante pour sa santé : le soin.
Le démarchage est une valeur sûre (cela est par ailleurs souligné de manière simple par la jeune aide) car nous avons pu voir qu’il a permis à une patiente âgée n’ayant pas de médecin traitant d’être consultée en un clin d’œil.
Cette personne n’a pas eu réellement la parole pour s’expliquer, mais nous avons noté sa présence devant le petit escabeau (quid des personnes ayant une mobilité réduite) permettant son entrée dans le camion aménagé pour la recevoir avec tous les égards nécessaires.
Les protagonistes de cette expérience ô combien enrichissante termine le reportage en expliquant que durant quelques mois le bus va conduire les généralistes volontaires (on ne peut que les féliciter) dans les campagnes reculées, et par la suite l’équipe changera avec une participation d’autres professionnels : un dentiste et une sage-femme.
Comme quoi on apprend, qu’il est possible de se faire soigner à l’entrée des supermarchés, mais aussi que pour résoudre la difficile équation de la pénurie médicale cela peut être effectif en une consultation.
On ne précise pas les conditions d’un suivi éventuel, ni d’une permanence au sein de certains villages.
Rémunérer le futur médecin de la commune pendant ses études
Le second reportage concerne la détresse d’une commune bretonne qui recherche un jeune médecin généraliste du fait d’une probable pénurie en professionnels de santé dans les années qui vont venir (les propos du maire m’ont ému et j’ai versé une petite larme).
Pour éviter cet écueil le premier édile de cette cité, en accord avec le conseil municipal, a accepté de verser mensuellement la somme de 400 euros à un jeune étudiant pour qu’à la fin de ses études il s’installe chez eux.
De cette manière il aura l’obligation (on ne sait pas sur quelle base et sur quelle durée) d’intégrer une maison de santé qui sera créée et pourra travailler avec d’autres professionnels de santé dans la joie et la bonne humeur.
Cependant en y regardant de plus près, et même si le secteur semble assez large, le nombre de résidents de cette commune est inférieur à 800 personnes.
On ne s’est jamais posé la question de la viabilité de cette installation pour le futur collègue qui est déjà connu (il a sa grand-mère dans ce secteur, et sa photo a été très intelligemment reproduite dans cette séquence télévisée).
De plus il ne faut pas oublier que la gestion des soins futurs risque d’être complexe et génératrice d’une incompréhension si notre jeune praticien accepte de soigner des patients en provenance d’autres communes, excepté en cas de financement conjoint avec une CPTS ou la communauté des communes du secteur, qui n’ont pas mis la main au portefeuille.
Cette situation risque à moyen terme de générer différentes problématiques auxquelles le professionnel de santé risque d’être, sans le vouloir, confronté.
Des actions d'élus locaux
Il est difficile de faire monter la mayonnaise dès lors que la politique ou les pouvoirs publics interviennent pour assurer la gestion de la santé des administrés.
Pour finir, nous voyons que ces reportages mettent surtout en avant les actions de certains édiles ou associations voulant être quelque peu médiatisés.
Cependant il ne faut pas oublier que l’exercice de la médecine est difficile
Il requiert la participation à 100 % des généralistes qui s’impliquent dans le soin sur les secteurs où on souhaite qu’ils officient.
« La santé bouge, la maladie ne bouge pas » Charles du Bos.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans « Le Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à aurelie.dureuil@gpsante.fr
C’est vous qui le dites
« Majorer les tarifs dans les déserts ? Il faut arrêter avec ces carottes »
Éditorial
Alerte aux déficits !
Débat
Faut-il réguler l’installation des seuls médecins en secteur 2 ?
Enquête flash : les médecins prêts à la grève pour la liberté d’installation