Une recherche publiée dans Nature Human Behaviour, revue de qualité, a pour titre « L’analyse computationnelle des discours du Congrès américain révèle un passage de la preuve à l'intuition ». Dans ces travaux, un déclin du langage fondé sur des preuves a été observé dans les discours au profit d'un langage axé sur l'intuition et les sentiments. Ce déclin est corrélé aux augmentations de la polarisation politique et des inégalités de revenus, ainsi qu'à une diminution de la productivité législative.
Sauriez-vous répondre aux questions que je me pose ? La recherche et la science ont-elles perdu leur aura au cours du temps ? La formation à l’esprit critique du monde politique est-elle insuffisante ? Qu’en est-il en Europe ? Soyons prudents car il s’agit de corrélation (rapport de deux ou plusieurs faits dont les variations paraissent concomitantes) et non pas de causalité (rapport de cause à effet).
La méthodologie de cette étude est de qualité. Les chercheurs et le financement sont européens. Les chercheurs ont appliqué des techniques d'analyse textuelle computationnelle à plus de huit millions de transcriptions de discours prononcés au Congrès américain entre 1879 et 2022. Ils ont développé un indicateur : le score "preuve-moins-intuition" (EMI, Evidence-Minus-Intuition score) avec un thésaurus de mots.
La vérité en démocratie : c’est un fait, il faut l’admettre ?
Au cœur de toute démocratie, la recherche de la vérité et l'honnêteté sont fondamentales pour la gouvernance, la responsabilisation et la prise de décisions éclairées. Les auteurs ont distingué deux approches rhétoriques principales que les politiciens peuvent utiliser pour exprimer leur quête de vérité : l'approche fondée sur des preuves s'appuie sur des éléments de la réalité externe, tels que les faits, les données probantes, les statistiques et les connaissances ; l'approche fondée sur l'intuition s’appuie sur des expériences internes, des sentiments, des instincts, des valeurs personnelles ou des croyances. L'intuition peut apporter des dimensions émotionnelles et expérientielles importantes pour résoudre des problèmes sociétaux.
Depuis 1975, le langage fondé sur des preuves est en déclin constant
Le score EMI est resté élevé et relativement stable de 1879 jusqu'au début du XXe siècle. Une tendance à la hausse a ensuite commencé dans les années 1940, atteignant un pic au milieu des années 1970. Depuis 1975, le langage fondé sur des preuves est en déclin constant, atteignant récemment son niveau le plus bas de l'histoire.
Corrélations avec des indicateurs de santé démocratique
Une plus grande emphase sur le raisonnement fondé sur des preuves est associée à une réduction ultérieure des inégalités de revenus, tandis qu'une plus grande dépendance à l'intuition semble être associée à la persistance des disparités sociales existantes.
Les chercheurs ont trouvé des corrélations positives et significatives entre le score EMI et trois mesures de productivité législative. Un score EMI plus élevé, donc un langage fondé sur des preuves, est associé à une plus grande productivité du Congrès. Cela est cohérent avec l'idée que le langage fondé sur des preuves est un outil essentiel pour identifier les contraintes factuelles, favoriser un consensus bipartisan et formuler des lois efficaces.
La logique médiatique favorise ces comportements
Les tendances observées sont le résultat d'une interaction complexe de divers facteurs, dont certains sont spécifiques au contexte politique et sociétal des États-Unis. Plusieurs éléments pourraient y contribuer : contrôle des partis, pression de groupes d’intérêts, limitation du temps de débat en 1917, expansion du pouvoir exécutif. L'influence des médias est récente : l'adoption par les politiciens d'une "logique médiatique", amplifiée par la couverture en direct des débats parlementaires depuis 1979, peut transformer les discours en performances destinées à capter l'attention médiatique plutôt qu'à favoriser un discours intellectuel profond et des discussions nuancées sur les politiques.
Ces découvertes ouvrent des pistes pour des interventions visant à favoriser un débat plus constructif et productif, par exemple, en promouvant la collaboration et la communication entre les partis. Le défi pour le Congrès (et pour le public) est de créer un environnement où la vérité est valorisée, la polarisation est maîtrisée et les résultats législatifs reflètent les besoins diversifiés des citoyens.
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