Fin décembre les journalistes de toutes les rédactions expliquaient qu’en janvier des changements au sommet de l’État allaient survenir. Afin de calmer les ardeurs de ces éditorialistes, le Président a montré qu’il soutenait Mme Borne, alors Première ministre. En parallèle à ces rumeurs inlassablement répétées durant les fêtes, des sondages effectués par des grandes sociétés ont permis de pointer du doigt les différentes préoccupations des Français. Outre la peur d’une réduction plus importante du pouvoir d’achat, nos concitoyens ont expliqué qu’ils souhaitaient également que la santé et l’éducation soient deux autres priorités du gouvernement.
En fait, nos ressortissants sont régulièrement informés de difficultés vécues dans le monde de l’enseignement mais aussi de la santé. Très souvent, les médias pointent du doigt le classement européen de la France (il est de plus en plus en bas de l’échelle) dans le domaine de l’éducation, et mettent en évidence les problèmes liés à la saturation des services des urgences. On peut aisément comprendre ce type de réaction dès lors que nous apprenons que le niveau scolaire n’est pas à la hauteur des espérances malgré les investissements financiers effectués. En parallèle, la pénurie de professionnels de santé génère un impact non négligeable sur la morbimortalité des Français.
La nouvelle année a permis de voir que les prévisions des journalistes étaient meilleures que celles des forains effectuant de la cartomancie. Ainsi, un remaniement ministériel de moyenne envergure (un certain nombre de ministres, et pas des moindres, restent à leur poste) a été effectué au mois de janvier.
De curieuses fusions
Outre certaines ouvertures vers des partis politiques pouvant aider à la légitimité du pouvoir en place, nous avons pu assister à des fusions ministérielles très curieuses, voire déstabilisantes compte tenu du contexte actuel.
Ainsi, la ministre des Sports (elle n’a pas été remerciée) a obtenu la direction d’un second ministère : celui de l’Éducation nationale. Cette double charge est quelque peu étonnante dès lors que le travail au sein de ces deux ministères est considérable (réforme de l’éducation, et préparation des Jeux olympiques). Ce qui est quelque peu déroutant, c’est de noter qu’alors que les citoyens souhaitent que des changements puissent être opérés en ce qui concerne l’enseignement, on change un peu le paradigme du ministère de l’Éducation (l’actuel 1er ministre avait tout fait pour montrer son importance) qui passe de ce fait au 2e plan.
En ce qui concerne le domaine de la santé, nous assistons à une gestion du ministère de la Santé et du Travail par une seule et même personne. Outre le fait que cette nouvelle venue n’appartienne pas au monde médical (cela a quelque peu irrité certains syndicalistes, mais aussi certains professionnels de santé), nous avons appris que cette énarque était une politicienne de la 1re heure attachée aux valeurs de droite (je n’ai rien contre cet état de fait).
Bien entendu il n’est pas juste de condamner une personne qui n’a pas encore fait ses preuves, cela uniquement du fait qu’il est difficile d’évaluer trop rapidement ses compétences au sein d’un domaine en grande souffrance actuellement. Néanmoins, elle va avoir du pain sur la planche car la santé est un ministère de poids (le dernier ministre était secondé par une ministre déléguée du fait de l’ampleur de la tâche) qui souffre depuis des années d’un manque cruel de gouvernance. De nombreux ministres se sont succédé durant des laps de temps très variables, et aucun n’a obtenu une réelle ferveur de la part des soignants mais aussi des citoyens.
Dans ce contexte, il apparaît tout à fait illogique de sacrifier la santé, cela alors que tous les voyants sont au rouge dans ce domaine.
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