Courrier des lecteurs

Pénurie de médecins : des solutions (non coercitives) existent !

Publié le 12/03/2020

La semaine dernière Dominique Dhumeaux, vice-président de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), s’exprimait dans « Le Quotidien » (28/02/2020) pour faire part des problématiques que rencontrent les élus dans leurs territoires pour permettre à leurs administrés d’avoir un accès « adapté » aux médecins.

Forte de nos trois structures représentants les jeunes et futurs médecins, nous œuvrons depuis plusieurs années pour proposer des solutions concrètes et pérennes pour l’ensemble des citoyens français en matière d’accès aux soins. Les mesures coercitives en réponse au problème de démographie médicale évoquées par M. Dhumeaux ne sont que démagogiques et seraient dangereuses pour notre système de santé. Rappelons-le, pour la médecine générale, la problématique se trouve actuellement dans l’insuffisance numérique des généralistes et le manque de temps médical.

Pour reprendre ses propos, « jusqu’à présent les ministères de la santé ont fait des choix à court terme » : il est vrai que nous payons les décisions politiques des années 1990, fruits d’un manque d’anticipation ; toutefois, il est mensonger d’affirmer que les mesures proposées par le gouvernement actuel ne sont que des mesures à court terme.

Des mesures ont été prises et initiées à différents niveaux : au cours de la formation, réforme du 3e cycle (2017), réformes du 1er et 2e cycles à venir (loi d’organisation et de transformation du système de santé, juillet 2019) ; au début de l’exercice, simplification des contrats d’aide à l’installation d’État « contrat début d’exercice », exonération de cotisations sociales (LFSS 2020) ; au cours de l’exercice : facilitation de l’activité mixte (poste 400 MG), promotion des MSP et CPTS…

Ces différentes mesures incitatives ambitieuses doivent être accompagnées dans leur mise en place et leur impact évalué par la suite. Le problème actuel ne trouvera pas de mesure miracle à court terme, il est mensonger de faire croire le contraire aux Français.

Effet d'annonce

Le spectre des mesures coercitives et de la suppression de la liberté d’installation revient fréquemment dans les débats. M. Dhumeaux le dit lui-même, il ne s’agirait que d’un effet d’annonce. De plus, ces mesures ont prouvé leur inefficacité dans les pays dans lesquels elles ont été déployées et ont eu des impacts néfastes à savoir une aggravation des inégalités d’accès aux soins et l’apparition d’une médecine à deux vitesses, ce qui semble être oublié ici.

Nous rejoignons cependant le constat qu’il fait dans le manque d’attractivité d’une partie du territoire national. Il conviendrait alors de travailler ensemble sur la découverte des territoires dès le début des études médicales avec la mise en place de moyens suffisants. Les futurs médecins s’installeront dans des territoires qu’ils connaissent.

Nous poursuivrons le travail que nous avons initié avec l’AMRF sur la question de l’accès aux soins, pour trouver, ensemble, des solutions pérennes pour le système de santé. Elles devront être adaptées aux professionnels, aux élus mais surtout aux patients !

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Marianne Cinot, présidente de l'ISNAR-IMG, Laure Dominjon, présidente de ReAGJIR Roxane Hellandsjö-Prost, président de l'Anemf

Source : Le Quotidien du médecin