La santé est un sujet hautement inflammable. Après avoir tenté de réformer le généreux système de santé finlandais, le Premier ministre a essuyé en avril dernier un cinglant échec avec 13,8 % des voix. En 2015, il en avait obtenu 21,1%. En France, Emmanuel Macron a opté sur ce sujet pour la politique du déminage. Aucun hôpital ne fermera dans l'Hexagone si le maire s'y oppose. Illustration sans doute de l'art d'être français avec un village, son clocher et désormais son hôpital, laïcité oblige. En termes d'image, c'est aussi pour l'international la fin du plan-séquence consacrée à la start-up nation.
Entre les recos des experts parisiens et la politique incarnée par les élus locaux, le président de la République a tranché en faveur de l'accès aux soins. La sécurité est une nouvelle fois sacrifiée sur l'autel de la démagogie, se sont lamentés les spécialistes de la performance. Ils s'inscrivent tous dans le sillon de Pierre Mendes-France prononçant à la tribune de l'Assemblée nationale le 3 juin 1953 son fameux « gouverner, c'est choisir, si difficiles que soient les choix ».
Pour autant, pourquoi parier sur l'hypothèse de patients se moquant de la sécurité ? L'accessibilité préférée à la sécurité ne serait-elle pas in fine le résultat d'un choix par défaut faute de transparence ? L'Institut Montaigne dans son rapport publié le 30 avril dernier appelle à ouvrir la boîte noire des indicateurs de résultat. Et pointe le classique retard français dans ce domaine. Au regard de la Suède, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, des Etats-Unis ou du Canada, nous sommes bien en seconde division. La France là aussi n'a toujours pas fait sa révolution. Il n'y a pas d'égalité d'information devant les performances de tel établissement dans la prise en charge d'une pathologie donnée. Faut-il alors se limiter à la politique des petits pas mise en œuvre par la Haute Autorité de santé (HAS) ? « Les ambitions portées par la HAS semblent éloignées des objectifs portés par des initiatives internationales telles que l'ONG International Consortium for Health Outcomes Measurement (Ichom) », peut-on lire dans le rapport de l'Institut Montaigne.
Certes les professionnels de santé se sont toujours efforcés de gagner du temps dans ce combat pour la transparence des données cliniques. A l'heure de la pertinence des actes et des nouveaux modes de financement cette asymétrie de l'information entre producteurs et consommateurs de soins n'est plus recevable. Se dessine un intérêt commun entre patients et politiques. Et c'est bien à Alain-Michel Cerreti, président de France Assos Santé que le think-tank libéral Institut Montaigne a demandé une préface à son rapport.
Alors face aux gilets jaunes, y-aurait-il convergence des luttes inattendue avec le politique face au conservatisme de certains médecins ? Ce serait là une nouvelle ruse de l'histoire.
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