La liberté d’installation des praticiens est un « dogme » et il devient urgent de changer les règles du jeu. Alain-Michel Ceretti, président de France assos santé, organisme qui regroupe les différentes associations de patients et usagers du système de santé, n’y va pas de mains mortes avec les médecins.
Dans une tribune publiée dans What’s Up Doc, le responsable associatif tire la sonnette d’alarme sur les déserts médicaux et pointe les responsabilités des médecins. « On a trop longtemps cantonné le problème des déserts médicaux aux campagnes. Aujourd’hui c’est toute la France qui est concernée », écrit-il. « Les conséquences de ces déserts médicaux sont dramatiques (…) « on » va aux urgences, parce qu’« on » n’a pas d’autre solution. Oui, Agnès Buzyn a raison de le déplorer. Mais la faute à qui, Madame la Ministre ? En tout cas pas aux patients eux-mêmes, qui sont bien les premières victimes des déserts médicaux », ajoute-t-il.
« C'est aux médecins de s'adapter »
Le président de France assos santé avance plusieurs pistes pour sortir de cette crise. Le développement des maisons de santé pluriprofessionnelles, la délégation de tâches auprès des pharmaciens ou des infirmières de pratiques avancées en font partie. Il évoque aussi les perspectives qu’offrent le numérique avec le DMP ou les consultations à distance mais également « d’autres modes de rémunération » à « inventer ».
Mais pour M. Ceretti il devient indispensable de s’attaquer à la question qui fâche : la liberté d’installation. Un de ses arguments est d'affirmer que les études médicales sont payées par la collectivité : « Pourtant une fois leurs études achevées, les praticiens peuvent s’installer en libéral où ils veulent et pratiquer peu ou prou les tarifs qu’ils désirent. Sans la moindre contrepartie. Est-ce bien normal ? », assène-t-il. Ce qui a le don d'irriter les médecins sur les réseaux sociaux. « Les médecins ne sont ni responsables ni coupables des déserts médicaux, lui répond le Dr Jérôme Marty, président de l'UFMLS sur Twitter. Par contre, les politiques qui ont été successivement en responsabilité, le sont pleinement. »
Missions de service public et tarifs encadrés
France assos santé propose donc de modifier la règle actuelle. La liberté d’installation restera totale dans les zones en déficit de médecins. Dans les zones moyennement dotées, des actions de santé publique, par exemple de prévention, seraient demandées aux jeunes médecins. Et dans les zones surdotées, l’installation serait conditionnée à l’obligation, pendant un temps donné, de consacrer une partie de leur temps à des missions de service public et pratiquer des tarifs encadrés.
Ces solutions intermédiaires seraient moins contraignantes, estime Alain-Michel Ceretti, que celles qui pourraient être mises en place si l’on laisse encore traîner la situation. « Après tout, c’est aux médecins de s’adapter aux besoins des Français. Pas l’inverse », conclut-il.
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