Le monde de la santé fait-il ce qu’il faut pour s’adapter à la révolution numérique ? L’ampleur du chantier est considérable et c’était également le thème d’un débat ce mercredi matin entre Jean-Luc Harousseau, président de la HAS et Benoit Thieulin, président du Conseil National du Numérique, à l’occasion des "Salons Santé Autonomie". « J’ai la conviction que les deux domaines les plus impactés en termes de potentiel par la révolution numérique sont l’éducation et la santé. Mais ce sont aussi ceux où la révolution numérique a le plus de mal à percer » explique Benoit Thieulin. Le président de la HAS et celui du CNNum s’accordent pour dire que la révolution numérique a d’ores et déjà modifié les relations patients/médecins. « Il y a un empowerment des patients. Ils arrivent en sachant plus de choses, avec une volonté de comprendre et le médecin, lui, doit justifier ses choix » analyse Benoit Thieulin, qui voit même un peu plus loin : « avec l’accumulation des bases de données, à un horizon pas si lointain, plus aucun diagnostic ne sera fait pas les médecins mais par des calculateurs. Ça ne veut pas dire qu’il ne faudra pas vérifier et que le médecin n’aura plus de rôle, il ne sera pas amoindri mais différent ».
Le casse-tête de la régulation
Un volet plus néfaste de la révolution numérique et qui inquiète les médecins est aussi celui de la surveillance : « avec toutes les données à disposition et qui se baladent il y a un risque que les mutuelles veuillent récupérer ces informations et y conditionnent leurs prix. C’est tout à fait possible » avance le président du CNNum. Pour Jean-Luc Harousseau la difficulté est aussi de s’y retrouver dans la multitude d’applications et objets connectés qui existent aujourd’hui. « On ne sait pas ce qu’il y a dans ces applications. Faire une régulation n’est pas simple à cause de leurs nombres et de la variabilité de leur qualité » souligne le président de la HAS. « Vu la centaine de milliers d’applications qui existent aujourd’hui et compte tenu de notre configuration, de nos moyens c’est un travail qu’on ne peut pas faire à l’heure actuelle » ajoute-t-il.
Etre acteur de ces transformations
La révolution numérique pose donc de vrais enjeux qui requière de vraies décisions pour Benoit Thieulin : « selon moi ce sont des sujets qui doivent être décidés au niveau européen (…) Il faut plaider pour le débat pour éviter que ce soit la Silicon Valley qui décide ce que sera notre santé demain ». De la même manière qu’il existe aujourd’hui des agences de notation financières, Benoit Thieulin avance l’idée d’un besoin d’agences d’évaluation et de notation pour les différents dispositifs et applications de santé connectée. « Un jour on prescrira des applications donc forcément il faut qu’il y ait une évaluation ». Les deux acteurs de la conférence du jour plaident en tout cas pour que ces débats traversent la société, et si possible au plus vite. « La technologie ce n’est pas quelque chose qui tombe du ciel, il y a des choix à faire. C’est à nous de choisir ce qu’on préfère » conclut Benoit Thieulin.
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