L'appli Moovcare est une appli de télésurveillance des patients atteints de cancer du poumon qui a pour objectif de détecter les récidives le plus précocement possible. Ces dernières sont très souvent associées à des symptômes dont les patients peuvent ressentir plusieurs semaines avant le rendez-vous du scanner. Concrètement, le patient reçoit le lien et des identifiants pour se connecter au site de MoovCare. Il doit remplir une fiche d’informationtoutes les semaines : poids, appétit, fatigue, douleurs, fièvre, toux et éventuelles questions... Il est à noter que les patients ne parlent pas spontanément à leur médecin de leurs symptômes. Et finalement à l’arrivée du scanner quelques semaines après, il est trop tard pour mettre en place un traitement optimal.
Algorithme
Dans cette perspective, quatre études ont été menées sur cinq ans. Les deux premières visaient à déterminer et à évaluer la puissance d’un algorithme de détection des rechutes en analysant les symptômes des patients. Une douzaine de symptômes étaient entrés dans l’algorithme chaque semaine. Ensuite ont été comparés les résultats du scanner et du pet-scan avec ce que proposait l’appli, à savoir chute ou rechute. Après ces deux études où les symptômes ont été suivis de façon hebdomadaire, a été mis en évidence le fait que toutes les récidives pouvaient être détectées, et cela en moyenne 5 ou 6 semaines avant les scanners. Dans une première étude pilote, le bénéfice en survie de ces patients a été analysé. A noter, le cancer du poumon est l'un des plus graves avec un pronostic de survie médiane de 50 % à 14 mois. Sur une première cohorte de 98 patients dans un essai non randomisé, est apparu un bénéfice supplémentaire en survie de 27 % à un an. Ensuite une étude multicentrique de plus grande ampleur a été lancée afin d’évaluer la survie globale, toujours avec l’utilisation de cette appli. Les patients concernés ne devaient pas avoir d’aggravation sur leur dernier bilan après leur premier scanner et la chimiothérapie par exemple. Et dans le bras de l’application, le nombre de scanners systématique était divisé par deux, voire par trois : hors alerte, il n’y avait quasiment pas de scanner systématique. Par contre si l’appli dans le bras Moovcare suggérait une rechute, le scanner était alors réalisé rapidement. Dans le bras contrôle, un suivi classique avec un scanner tous les trois à six mois était proposé. Dans les deux bras, les patients pouvaient consulter leur médecin lorsqu’ils le souhaitaient. Un bénéfice de 26 % de survie à un an a été retrouvé via l’application avec 75 % de survie à un an contre 49 % avec un suivi classique. Avec l’appli la médiane de survie est passée de 12 à 19 mois. Résultats, il y a eu trois fois moins de décès à un an. Enfin, l’étude a été arrêtée à 133 patients sur 220 car il n’était plus éthique de continuer au vu de la puissance des résultats.
Bénéfice en survie amélioré de 26 %
Pourquoi un tel bénéfice en survie ? Il a été montré que la plupart des patients en rechute qui étaient suivis par l’appli étaient en bien meilleur état général que ceux qui étaient suivis par le scanner. Car la détection dès les premiers symptômes permet de faire venir les patients bien avant que leur état ne se dégrade. Il a été avéré que le traitement de ces rechutes a été optimal lorsque les patients étaient suivis par l’application. De plus, le coût est neutre pour une survie améliorée avec l’usage de l’appli. Autre avantage, les patients sont moins stressés et les médecins moins sollicités par exemple par des coups de fil intempestifs. L’appli permet aux patients de communiquer directement avec leur médecin via des fenêtres libres. Le temps de gestion pour un médecin est de 15 minutes pour 60 patients par semaine. La réduction des appels téléphoniques est compensée par le temps de gestion qui reste neutre. Les médecins ne sont pas surchargés en temps de gestion, l’idée étant plutôt de filtrer les alertes par ordre de priorité. Enfin, une évaluation à la réponse au traitement est en train d’être menée avec des médicaments oraux qui ont des actions rapides sur le plan clinique. Ainsi sont détectables des améliorations dès la première semaine de traitement.
Bientôt dispositif médical
Moovcare est la seule appli santé qui atteint ce niveau de preuve selon Fabrice Denis, soit une évaluation de la survie. Un dispositif médical est en cours de dépôt en classe 2A, au même titre qu’un scanner ou un IRM. MoovCare a été lancée en 2011 au Mans et a été créée par l’entreprise Sivan Innovation.
* Les Rencontres de la cancérologie française 2016 ont eu lieu du 13 au 14 décembre 2016 à Paris.
Voir la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=hERmCymNEAA
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