Après la signature des accords du Ségur de la santé en juillet 2020, Olivier Véran avait annoncé une revalorisation des salaires de 183 euros nets par mois pour l’ensemble des personnels hospitaliers (hors médecins). Lors d’un comité de suivi tenu hier, le ministre de la Santé a dévoilé le deuxième volet de ce plan d’envergure : la revalorisation des carrières pour plus de 500 000 professionnels de santé paramédicaux.
Concrètement, infirmiers, aides soignantes et cadres de santé du secteur public pourront en bénéficier dès octobre 2021. Dès 2022, la mesure sera étendue aux autres salariés de la fonction publique territoriale, et de la fonction publique d’état ainsi qu’aux salariés du secteur privé. Au total 740 millions d’euros en année pleine seront engagés pour financer cette mesure.
Mais alors que les syndicats de médecins l'avaient réclamé dès juillet, aucune enveloppe n'a pour l'instant été consacrée à la médecine de ville. Pour les médecins libéraux qui ont perdu parmi leurs rangs plusieurs dizaines de leurs collègues durant la crise de Covid-19, c'est l'incompréhension la plus totale.
Les syndicats de médecins libéraux toujours remontés
En effet pour le Dr Philippe Vermesch, président du SML ce coup de pouce de 740 millions d’euros pour l’hôpital est la goutte de trop :
« Il n’y en a que pour le secteur public, la médecine libérale est totalement oubliée de ces négociations. Les secrétaires, les infirmières et infirmiers, tous les salariés du secteur libéral n’ont rien reçu depuis la crise Covid, ils n’ont même pas touché la prime Covid alors que le travail qu’ils ont fourni est considérable » regrette-t-il.
Neuf mois après la signature des accords du Ségur de la Santé tous sont d’ailleurs unanimes, cette réforme s’apparente davantage à un « Ségur de l’hôpital » :
« Les annonces d’hier le confirment encore une fois, l’ensemble des mesures à la fois financières et structurelles du Ségur sont bien des mesures exclusivement centrées sur l’hôpital. Il n’y a rien pour la ville, tout reste flou » affirme le Dr Jean Paul Ortiz.
De son côté, le Dr Stéphane Pinard, président de la branche généraliste de la FMF déplore que les médecins généralistes soient « des spectateurs d’un Ségur de l’Hôpital ». Le généraliste demande par ailleurs « des états généraux plus qu’un simple Ségur, avec une vraie réforme en profondeur du système de santé français. »
Pour le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, le sentiment est le même :
« Le politique pense qu’il a sous sa responsabilité l’hôpital public et uniquement l’hôpital public », selon lui, « ce n’est même plus un plan Marshall qu’il faut, c’est une révolution systémique et totale de la façon de considérer les soignants en France. »
Dans le sillage des élections professionnelles tenues la semaine dernière, le ministre de la Santé a pourtant souligné dans son discours la « nouvelle page » de discussions conventionnelles qui s’ouvrait, notamment celle sur l’exercice coordonné.
Mais encore une fois, pour le Dr Jean-Paul Ortiz, le ministère « n’y est pas » : « Quand est-ce que le gouvernement va-t-il prendre la mesure de la crise de la médecine de ville et des moyens qui doivent être dégagés pour celle-ci ? »
Retour de l’avenant 9 dans les prochaines négociations ?
Si MG France réclame également « une forme de Ségur pour la ville », celui-ci doit se traduire, selon son président le Dr Jacques Battistoni,par des « moyens substantiels mis dans l’avenant 9 ». Le généraliste souhaite d’ailleurs reprendre les négociations là où elles se sont arrêtées :
« La négociation de l’avenant 9 doit reprendre. Il y a un certain nombre de points sur lesquels nous devons avancer notamment celui sur la rémunération des secteurs de service d’accès aux soins ».
Faute d'accord, les négociations de cet avenant, dédié notamment à la prise en charge des soins non programmés, au développement de la télémedecine et à la revalorisation de la visite à domicile, avaient été interrompues par le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme. Idem pour celles sur l'avenant à l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) sur les CPTS.
Au vu des maigres moyens alloués, les syndicats représentatifs avaient ainsi exprimé leur refus de signer l'avenant 9 en l'état. Les délais de négociations trop courts et des garanties insuffisantes pour certains syndicats, avaient eu raison de celui sur les CPTS.
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