"Si c’était à refaire le referiez-vous ? Sans hésiter, oui !" Six ans après l’arrivée de la grippe H1N1, Roselyne Bachelot persiste et signe. Dans son dernier livre "La petite fille de la Vè ", l’ancienne ministre de la Santé consacre quand même presque un chapitre à cette affaire, signe que cette polémique ne l’a pas quittée et que le sujet "suscite chez moi une véritable rage inapaisée devant l’injustice incroyable du procès qui m’a été fait et qui perdure."
"Nous ne nous sommes pas trompés. Simplement, nous ne savions pas ce qui allait se passer." Sur ce dossier chausse-trappe, elle répond en détail à toutes les critiques qui lui ont été adressées et qui ne sont pas pour rien dans son exflitration au ministère de la Solidarité en novembre 2010. Et d’abord, elle relativise : les 90 millions de doses commandées ne correspondaient qu’à 47 millions de vaccins compte tenu des rappels et il n’en a été acheté finalement que 44 millions compte tenu des annulations. Le coût est important, concède-t-elle, mais que pèse 470 millions d’euros, suggère-t-elle, en comparaison des quelques 220 miliards du budget santé annuel de ses concitoyens... La pharmacienne revient aussi sur les fondements scientifiques de sa décision : ce sont "les organisations internationales, ainsi que l’ensemble de la communauté scientifique et médicale française" qui ont conseillé "une vaste opération de vaccination", martèle-t-elle. Sur le plan médical, l’ancienne ministre soutient au final, "l’apport majeur qu’à été dans la protection globale de la population le fait de vacciner 10% de celle-ci, les plus fragiles et les plus exposés."
[[asset:image:5551 {"mode":"small","align":"left","field_asset_image_copyright":["DR"],"field_asset_image_description":[]}]]Décidément, Roselyne Bachelot n’a vraiment rien digéré du procès médiatique qu’on lui a fait. Alors, pour mouiller tout le monde, elle rappelle : "toutes les décisions ont été prises par le président de la République dans le salon vert qui jouxte son bureau". Il voulait "apporter la meilleure protection possible aux Français", ajoute-t-elle, à propos d’un Sarkozy dont elle estime qu’"il aime profondément le monde de la santé." Tout au plus, note-t-elle qu’à l’époque, le pilotage du ministère de l’Intérieur (de rigueur dès le niveau 4 d’une pandémie) ne l’a pas aidé. A commencer, semble-t-il, par Michèle Alliot Marie, qui au moment de passer le relais à Brice Hortefeux "commençait à comprendre ce qu’était un virus..."
«Rendez-nous Roselyne !»
Dans le plaidoyer pro domo de l’ex-responsable de la Santé, les médecins ne sont pas épargnés. A commencer par "le jeu trouble mené par les syndicats médicaux." A entendre Roselyne Bachelot, pendant l’été 2009, "il n’était pas question pour eux de vacciner". Et puis, à l’approche des élections professionnelles régionales, "à partir de septembre, le ton a changé". En réalité, l’ex-ministre, explique son choix si critiqué de courcircuiter les médecins libéraux par le conditionnement pas commode du vaccin anti-H1N1 en boites de 500 doses et par la nécessité de "préserver la capacité soignante des professionnels de santé en cas de crise épidémique"...
Au final, Roselyne Bachelot garde visiblement une petite rancœur vis-à-vis des médecins libéraux. Pas au point de l’empêcher de dormir néanmoins. Ses 3,5 ans avenue de Ségur ne comptent que pour à peine 5% de son livre. Elle se dit pourtant fière de sa réforme "HPST", autre champ d’affrontement avec les libéraux de santé. Et notamment ne renie ni la paternité des ARS, ni d’avoir "installé les outils de rénovation de l’exercice libéral de la médecine." Petit coup de patte au passage à Marisol Touraine et à ses "quelques mesures qui ne méritent aucunement le nom de réforme." Et elle relève avec humour que, dans la rue, le 15 mars dernier, certains brandissaient des pancartes : "Rendez-nous Roselyne !". Ironie de l’histoire, qui suffit à combler d’aise l’actuelle animatrice TV qui salue les médecins libéraux d’un presque chaleureux : "Allez, sans rancune!"
Roselyne Bachelot : "La petite fille de la Vè", Edts Flammarion, 318 p, 19,90 €
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