La progression de l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (Ondam) pour 2025 sera de 2,8 %, a-t-on appris le 2 octobre à la faveur de la transmission du projet de loi de finances pour l’année prochaine au Haut Conseil des finances publiques. Soit une augmentation au-dessus de l’inflation, laquelle serait à hauteur de 1,8 % pour l’année prochaine. L’an passé, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 avait fixé l’Ondam à 254,9 milliards d’euros, soit une progression de 3,2 %.
À travers ce taux et en écho au discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier, le 1er octobre à l’Assemblée, l’objectif du gouvernement est de maîtriser au plus près les dépenses d’Assurance-maladie par rapport à leur augmentation naturelle.
Cette volonté fait écho à l’avis du 26 juillet du comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’Assurance-maladie pour 2024. Ce dernier avait identifié un « risque élevé » de dérapage significatif de 500 millions d’euros, en raison de la forte dynamique des soins de ville, à hauteur de +5,7 % durant le premier semestre 2024 par rapport à la même période un an plus tôt. Cet écart devrait concerner les « actes de biologie médicale, transports de patients, honoraires des médecins spécialistes, honoraires des masseurs-kinésithérapeutes, indemnités journalières, dispositifs médicaux, médicaments », peut-on lire dans l’avis du comité.
Le risque de dépassement de l’enveloppe définie par l’Ondam 2024 avait également été soulevé en septembre par Bruno Le Maire et Thomas Cazenave devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale. Les deux ministres démissionnaires de Bercy anticipaient alors un coût supplémentaire d’un milliard d’euros, en partie dû à l’explosion du nombre d’arrêts maladie de courte durée.
La santé, un réservoir économique ?
Chez les syndicats libéraux, pas de grand enthousiasme en réaction à l’Ondam 2025. « Sur le principe, c’est une bonne nouvelle que l’Ondam soit au-dessus de l’inflation, mais reste à voir la répartition entre la ville et l’hôpital… Quoi qu’il en soit, ce ne sera de toute façon pas suffisant, tant les besoins en santé sont grands », note la Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France.
Même sentiment fataliste du côté du Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF : « Nous attendons de voir comment va être ficelé le PLFSS, pour savoir ce que compte faire le gouvernement. Nous regardons toujours l’Ondam avec grande inquiétude, d’autant plus à la lumière de la situation économique du pays et des demandes légitimes de l’hôpital ».
Du côté de l’UFML-S et de son président, le Dr Jérôme Marty, « cet Ondam, en baisse [par rapport à la progression de l’enveloppe de 2024, NDLR] est déjà la preuve qu’il y aura moins d’investissement en santé, comme le démontre aussi la 11e position dans l’ordre protocolaire du ministère. C’est un signal fort : la santé est un réservoir économique pour le gouvernement ».
Une partie des réponses devrait être dévoilée à la présentation du PLFSS pour 2025, annoncée autour du 10 octobre, date du prochain conseil des ministres.
Vers un transfert du ticket modérateur sur les consultations ?
Selon le quotidien Les Échos, le gouvernement envisagerait de faire passer la partie remboursée par les complémentaires santé sur les consultations médicales de 30 % à 40 %. Ce transfert de charges pourrait entraîner une économie d’un milliard d’euros pour la Sécu, dont le déficit dépasserait 17 milliards d’euros en 2024. Autre effet qui pourrait être induit d’une telle mesure : une augmentation du coût des tarifs des complémentaires santé.
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