Cancer, CHU/CLCC quel modèle pour demain ?

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Publié le 26/11/2018
Dans le cancer, le CHU et le CLCC sont en concurrence frontale sur tous les fronts. Alors que la compétition internationale s’exacerbe à l’échelle internationale, faut-il organiser cette rivalité hexagonale ? Débat.

Faut-il nier la rivalité dans la prise en charge du cancer entre CHU et les centres de lutte contre le cancer (CLCC) ? La compétition fait d’autant plus rage que l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) ou l’Institut Curie par exemple sont très performants en matière de recherche. Et se classent dans les 15 premiers établissements de France (Cf. p. 12). En vérité, le vers de l’émulation est dans le fruit des textes de loi. Certes, « le CHU dans les ordonnances de 1958 doit assumer une triple mission. Il y tire une réelle légitimité, rappelle Patrice Viens, président de la fédération Unicancer. Sauf que les CLCC ont le même cahier des charges dans le cancer depuis les ordonnances de 1945 avant même les ordonnances Debré. On peut y ajouter la prévention. Plus généralement, les CHU n’ont plus le monopole sur le U ». Ce rôle d’avant-garde des CLCC est reconnu par les acteurs. « Les CLCC ont joué en cela un rôle structurant historique qui a permis la diffusion des bonnes pratiques dans tous les établissements de santé et le développement de sur-expertise », précise le Pr Alexander Eggermont, directeur de l’IGR. Mais celle légitimité acquise sur le terrain est-elle pour autant une assurance de pérennité ? Le contexte budgétaire contraint des dernières années a aiguisé les appétits de certains CHU avec « une injection à mutualiser, rappelle Patrice Viens. Dans certains cas, cela signifiait absorption. Ce moment est derrière nous. Les expériences réalisées dans ce domaine n’ont pas toujours été heureuses. Des tensions ont ainsi éclaté au sein de blocs opératoires lorsqu’il s’agissait de réunir tous les chirurgiens dans un seul lieu ».

Regroupement des CLCC et des CHU ?

Cette époque pour autant est-elle réellement révolue ? Le Pr Alexander Eggermont n’hésite pas à prononcer le mot tabou de regroupement. « Les CLCC et les CHU vont devoir regrouper leurs forces pour constituer des masses critiques suffisantes qui permettront de poursuivre l’effort de recherche. On ne peut plus se permettre de vivre dans deux mondes distincts. » Quant au Pr François-René Pruvot (président de la Conférence nationale des présidents de CME de CHU, cf. p. 9), l’avenir serait encore plus tranché. Et va encore plus loin. « On ne peut rester dans la situation actuelle. Les CLCC doivent à terme être intégrés dans la mouvance des CHU. Les adhérents d’Unicancer souhaitent devenir des hôpitaux universitaires du cancer. Il n’est pas possible de répondre à cette demande car il faudrait envisager une structure juridique nouvelle qui les lie différemment à la convention HU. » Le dialogue est loin d’être rompu. Les deux présidents ont en effet pris rendez-vous dans les prochains jours. En tout état de cause, l’accélération des connaissances, la compétition internationale imposent un changement de modèle. Entre l’atout de la recherche de haut niveau d’un IGR par exemple et la pluridisciplinarité qui autorise la prise en charge des comorbidités d’un patient âgé traité pour cancer, comment conjuguer les compétences sans remettre en cause l’identité des structures plus fragiles ? En attendant, le Pr Alexander Eggermont invite à regarder l’avenir et ne pas se réfugier dans le passé. « Même un centre comme Gustave-Roussy dédié à l’innovation n’aura pas d’avenir s’il n’établit pas une coopération avec l’université Paris Sud-Paris Saclay ». Big est de plus en plus beautiful.

CHU

Source : Décision Santé: 313