Carène Thibault, mariée et mère de deux enfants, l'infirmière tuée lundi au Chu de Reims par un déséquilibré mental, résidait à Ville-en-Tardenois, un village près de Reims dans la Marne, racontent nos confrères de l'Union le 24 mai dernier. Son deuxième enfant, un garçon, était scolarisé à l'école primaire. Dimanche dernier, elle était à la brocante du village. Elle a prodigué les premiers soins à une personne victime d'une allergie en attendant l'arrivée des pompiers. « Elle était comme ça Carène, une fille au grand cœur, toujours prête à aider, à aller au-devant des gens pour rendre service, racontent les deux employés de la supérette du village qui ont même déjeuné avec elle le midi. On a bien ri, on gardera ce souvenir d'elle. Partir au travail, se trouver au mauvais endroit et au mauvais moment et ne jamais rentrer chez soi. C'est terrible. On pense surtout à ses proches. On sera là pour eux. » Dans la même édition du journal, Cédric Renard, syndicaliste FO au Chu de Reims : « Tout le monde est très choqué. Cette agression sauvage, puis l'annonce du décès, c'est très dur. L'hôpital, c'est comme une grande famille. Et on vient de perdre un membre. » Et sa collègue CGT Valérie Rozalski de déplorer : « On est tous effondré. En tant que soignant, on ne vient pas au travail pour perdre la vie. » Suite à ce drame, la parole se libère chez les hospitaliers. Une cellule psychologique a d'ailleurs été mise en place. À la demande du ministre de la Santé, une minute de silence a été ordonnée dans toute la France le 24 mai (voir photo au salon Santexpo) en hommage à la victime. L'autre victime qui avait été poignardée au niveau des cuisses est désormais hors de danger.
Le meurtrier avait déjà commis une agression
Interpellé, l'agresseur, Franck Freyburger, 59 ans, sous curatelle et hospitalisé plusieurs fois, a été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête ouverte pour assassinat et tentative d'assassinat. Ayant des problèmes psychiatriques, il est connu pour des faits similaires en juin 2017. Dans un établissement et service d'aide par le travail (Esat) au Meix Tiercelin, un village près de Vitry-le-François (51), il avait alors attaqué 4 membres du personnel, dont une infirmière, un animateur, une aide-soignante et un chef de service. Les quatre victimes, dont une blessée grièvement et transférée au Chu de Reims, avaient survécu. L'agresseur avait vu le psychiatre la veille de son acte qui n'avait rien vu d'anormal. Il avait alors été mis en examen pour violences aggravées, mais n'avait pas fait de détention provisoire. Les experts psychiatres qui l'avaient examiné ont conclu à l'abolition de son discernement. Le juge d'instruction avait rendu une ordonnance de transmission pour qu'il soit statué sur une éventuelle irresponsabilité pénale. En juin 2022, l'ordonnance de transmission a été prise par le juge d'instruction. En attendant, l'homme est resté libre, hébergé non loin du Chu, suivi sur le plan psychiatrique et soumis à un traitement médicamenteux qu'il aurait cessé de prendre. Les parties étaient convoquées depuis le mois de mars devant la chambre de l'instruction à une audience qui devait avoir le 27 mai.
25 millions d'euros
Le ministre de la Santé François Braun l'a rappelé lundi soir devant le Chu : « L'hôpital par définition est un lieu ouvert, je ne vois pas comment on aurait pu éviter l'attaque. Il est très difficile de le protéger à 200 %. » Toutefois, le ministre a annoncé une enveloppe de 25 millions d'euros pour améliorer la sécurité des soignants et a annoncé un audit pour vérifier les dysfonctionnements des établissements. Un rapport sur ce sujet sera remis au gouvernement le 1er juin, a annoncé Agnès Firmin Le Bodo, la ministre de la Prévention et des Personnels de santé le 23 mai sur France Info.
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