Dénonçant « une méthode qui consiste à faire des annonces en apparence claires mais qui ne sont jamais suivies de faits et qui jettent un trouble grandissant chez les soignants », les présidents des cinq intersyndicales demandent à François Braun de relancer sans délai les négociations améliorant les carrières des praticiens ; d’octroyer de « vraies » retraites aux hospitalo-universitaires ; de trouver ensemble la solution pour gommer les effets de la fusion des quatre premiers échelons qui ont fait perdre quatre années d’ancienneté aux praticiens titulaires nommés avant octobre 2022 ou encore de revaloriser les gardes et astreintes.
Suite à l’annulation des réunions de concertation des 15 et 16 mai, le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH ne cache pas que « l’incompréhension prédomine. Le renoncement des pouvoirs publics au cycle naturel de la négociation s’apparente même à une déclaration de guerre, un choix assumé pour la provocation. François Braun doit nous recontacter avant la fin du mois de mai mais nous n’avons pas de date. Pourquoi nous laisser en rase campagne alors que les hôpitaux sont confrontés aux effets de la loi Rist pour limiter l’intérim médical ? Le président de la République a par ailleurs pris de nombreux engagements : résoudre le grand chantier de la permanence des soins le 1er juin 2023 en intégrant la pénibilité de cette mission quasi exclusivement assurée par les hospitaliers, régler le problème des déserts médicaux ou encore permettre aux patients atteints de maladies chroniques de disposer d’un médecin traitant. L’heure n’est plus aux promesses, nous voulons des actes. »
Médecins superviseurs ?
Dans ce contexte, l’annonce le 12 mai 2023 par François Braun du lancement d’une concertation pour aboutir à une refonte de la formation infirmière à la rentrée 2024 fait figure de provocation. « Le report de la concertation ajouté au fait que le ministre évoque la transformation du métier d’infirmier pour en faire une nouvelle profession médicale intermédiaire et pallier les insuffisances de l’État à former suffisamment de médecins est très problématique, poursuit le Dr Rachel Bocher. Les infirmiers n’ont pas la culture médicale globale correspondant à ce que les patients sont en droit d’attendre. Le ministre veut-il faire de nous des superviseurs ? Désolée mais cela ne correspond pas à notre profession. »
La présidente de l’INPH espère être reçue « par le Ministre dans les 15 jours qui viennent. Dans le cas contraire, nous organiserons une nouvelle mobilisation de grande ampleur pour nous faire entendre », conclut-elle.
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