L’affiche choc parle d’elle-même : un homme, blouse blanche sur le dos, regarde le public droit dans les yeux, le visage tuméfié, griffures et œil au beurre noir. « Insultes, blessures, harcèlement, trauma psychologique : les soignants disent stop ! », peut-on lire sur cette communication du nouveau « collectif du 12 mars » mobilisé contre les violences, qui représente des professionnels de santé dans leur diversité – médecins, pharmaciens, kinés, infirmiers – prioritairement en ville mais aussi à l’hôpital*.
Ce visage ayant subi des coups rappelle celui du Dr Mohamed Oulmekki, généraliste violemment agressé à son cabinet de Drancy (Seine-Saint-Denis) fin novembre. Un cas loin d’être isolé, selon le collectif. Devant la hausse record de 27 % des agressions contre les médecins et la violence « devenue quotidienne », mettant « en danger non seulement les professionnels de santé, mais aussi les patients et l’ensemble du système de soins », le collectif dénonce une « escalade intolérable ».
Il appelle à une mobilisation nationale le 12 mars prochain (journée européenne contre la violence faite aux soignants) avec la fermeture des cabinets libéraux, « dans le respect de la permanence des soins », des rassemblements partout en France, devant les préfectures et institutions publiques, et une action nationale à Paris. Selon nos informations, un rassemblement aura lieu à 11 heures devant le ministère de la Justice. Les syndicats et collectifs mobilisés espèrent une mobilisation massive, « afin d’exiger des mesures immédiates de prévention, de protection, de sanction, et des moyens dédiés » contre les violences contre les blouses blanches.
Sanctions exemplaires ?
Parmi ses revendications, ce « collectif du 12 mars » réclame une réponse judiciaire « adaptée », avec « des sanctions exemplaires dissuasives contre les auteurs de violences verbales et physiques » ; l’élargissement du délit d’outrage aux soignants dans l’exercice de leurs fonctions ; l’application systématique, en cas de violences physiques ayant entraîné une ITT de moins de huit jours, d’une circonstance aggravante caractérisant le délit ; sans oublier « une mobilisation nationale des pouvoirs publics et des parquets généraux », pour garantir la sécurité de tous les soignants en ville, à l’hôpital, en pharmacie ou en visite. « Il est urgent d’agir », pressent-ils.
La proposition de loi visant à renforcer la sécurité des soignants, notamment en favorisant le dépôt de plainte, pourtant adoptée à l’Assemblée nationale à la mi-mars, n’a pour l’heure pas été inscrite à l’ordre du jour du Sénat.
* Sont déjà représentés : SOS Médecins ; l’association Médecins pour demain ; l’Union française pour une médecine libre (UFML-S) ; le Syndicat des médecins libéraux (SML) ; la Fédération des médecins de France (FMF) ; la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR) ; le collectif Santé en danger ; le Syndicat médecins secteur 3 ; l’inter-Comeli ; l’intercollectif Padhue ; le syndicat de kinésithérapeutes Alizé ; l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil) ; la Fédération des syndicats de pharmaciens de France (FSPF) ; le Syndicat national d’union des psychomotriciens (SNUP), etc.
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