Publiée en début d’année, la stratégie nationale de santé sexuelle (SNSS) définit un cadre pour l’action publique et les acteurs associatifs. Avec un objectif ambitieux : stopper l’épidémie de VIH à l’horizon 2030. Dans cette perspective, le colloque Corevih en actions s’est articulé en trois temps forts dédiés au diagnostic, aux actions et à l’évaluation, organisés sous forme de panel.
Un diagnostic territorial partagé
Le premier panel avait trait au diagnostic territorial partagé (DTP) et aux outils. Selon Laurent Tardif (Adysta Conseil), « un DTP va développer la connaissance et une approche centrée population et territoire. En termes de relation, un DTP donne une place aux différents acteurs et les responsabilise », indique Laurent Tardif. De son côté, Valérie Guagliardo, (ORS PACA), a présenté l’outil de cartographie interactive SIRSéPACA (système d’information régional en santé de la région PACA). Conçu en 2006, il offre la possibilité d’accéder à des informations sur l’état de santé de la population en PACA à l’échelle de différentes zones géographiques et de réaliser des portraits de territoires.
Antilles et Ile-de-France, les régions les plus touchées
Selon Virginie Supervie, chargée de recherche à l’Inserm, environ 153 400 personnes vivaient avec le VIH en France en 2013. Au niveau géographique, l’infection touche toutes les régions mais certaines (Guadeloupe, Martinique, Guyane et Ile-de-France) sont plus impactées que les autres. « Les estimations régionales peuvent masquer des taux élevés au niveau des départements », prévient-elle. Parmi les personnes infectées, 84 % d’entre elles étaient diagnostiquées, 73 % sous traitement antirétroviral et 68 % avec une charge virale contrôlée en 2013. Des taux qui restent en deçà des 90 % fixés pour chacun de ces trois postes par l’Onusida à l’horizon 2020. « D’une part, la couverture de la prévention n’est pas suffisante et d’autre part, le temps entre l’infection et le diagnostic reste trop long, ce qui retarde l’accès au traitement », déplore Virginie Supervie. Pour atteindre les objectifs de l’Onusida, plusieurs défis restent donc à relever. Virginie Supervie préconise de déterminer au sein des régions les populations et les territoires les plus affectés et de multiplier les actions de dépistage et l’accès aux outils de prévention, dont la Prep..
Du diagnostic à l’action
Le deuxième panel s’est concentré sur le rôle des Corevihs et la mise en place des plans d’action. Fabrice Pilorgé et Denis Lacoste ont passé en revue les nouvelles missions des Corevihs induites par les textes de loi. Le code de la santé publique renforce notamment le rôle de coordination des Corevihs auprès des différents acteurs de la santé sexuelle. Par ailleurs, le texte de loi définit désormais les domaines d’amélioration, d’évaluation et d’harmonisation de la prise en charge des patients, qui sont les soins, la prévention et le dépistage. La mission épidémiologique des Corevihs a aussi été élargie avec la prise en compte du recueil des données. Les textes de loi reconnaissent également l’expertise de ces comités pour aider à mettre en œuvre les politiques de santé. Ils sont par exemple associés à l’élaboration du projet régional de santé, sur demande du directeur général de l’ARS.
L’importance de l’évaluation
Le dernier temps fort de la journée fut consacré à l’évaluation des actions. Selon France Lert, (association Vers un Paris sans sida), « il y a des indicateurs simples à suivre comme le nombre de dépistages, de nouveaux diagnostics, de tests positifs, d’entrées en PReP, la file active de PReP, etc. ». Ces indicateurs peuvent être fournis par les CeGIDDs. « Nous prévoyons de mettre en place dès 2018 une extraction de données individuelles des logiciels utilisés par les CeGIDDs », précise-t-elle. Cela permettra de fournir des indicateurs au niveau national mais également régional et départemental.
De son côté, selon Stéphane Gigagnon (Aides), l’association a mis en place un système de recueil de données quotidien. Après toute action, chaque militant doit saisir son activité dans un système de données local du réseau. Cela permet de mettre en place des tableaux de bord et des observatoires accessibles à l’ensemble des acteurs du réseau. « Nous pouvons savoir combien de dépistages ont été réalisés sur un territoire donné de façon mensuelle », informe-t-elle.
Bref, le temps est au changement. « Nous passons à la version 2 des Corevihs. Nous devons nous adapter, c’est un nouveau challenge », a prévenu Jacques Reynes, président du Corevih Languedoc-Roussillon.
D'après le colloque de Corevih en actions organisé par Décision Santé et Le Quotidien du médecin. Avec le partenariat institutionnel de VIIV Healthcare.
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