Invité la veille des annonces présidentielles post-grand débat aux Contrepoints de la santé, le président de l'Association des petites villes de France (APVF) et député (Seine-Maritime, PS) Christophe Bouillon ainsi que Claude Léonard, ancien sénateur et président du conseil départemental de la Meuse, ont rappelé mercredi 24 avril les fortes attentes des élus des territoires ruraux en matière d'accès aux soins.
Une fois de plus, ils ont incité l'État à mettre en place un conventionnement sélectif dans les zones sur-dotées, c’est-à-dire le non-conventionnement par la Sécurité sociale des médecins qui souhaitent s'installer dans ces zones en surnombre. « Il ne s'agit pas de rendre obligatoire l'installation dans une zone sous dotée. Mais empêcher l'installation dans les zones surdotées est la meilleure solution », martèle Claude Léonard.
Pour les deux élus, les mesures du plan Ma santé 2022 (hôpitaux de proximité, communautés professionnelles territoriales de santé, assistants médicaux, suppression du numerus clausus, télémédecine, etc.) sont insuffisantes au regard de l'urgence. « Un médecin sur deux s'apprête à partir à la retraite, insiste Christophe Bouillon. L'urgence, c'est maintenant. Ce qui manque dans les outils de Ma santé 2022, c'est la régulation à l'installation des médecins. À un moment donné, il faudra aussi expliquer à la population dans le besoin pourquoi le gouvernement s'y refuse toujours. »
Les maisons de santé à la rescousse ?
9 142 communes sont aujourd'hui situées en zones sous denses. Dans certains départements comme l'Orne ou l'Eure, la densité médicale est très inférieure à la moyenne nationale (respectivement 112 médecins et 154 médecins pour 100 000 habitants contre une densité nationale de 270). Selon un sondage BVA réalisé pour les Contrepoints de la santé, 33 % des Français déclarent avoir eu des difficultés pour prendre un rendez-vous auprès d'un médecin généraliste et 76 % des personnes sondées en zone rurale pour avoir un rendez-vous auprès d'un spécialiste.
« Face à ces difficultés, nous avons anticipé dans la Meuse depuis 17 ans avec la création de 23 maisons de santé. Malgré cela, nous sommes devant une situation complexe car les modes d'exercice changent, les mentalités changent. Les jeunes ne souhaitent pas s'éloigner des pôles urbains et des centres hospitaliers », commente Claude Léonard.
Sévère, Christophe Bouillon reconnaît toutefois que les ministres de la santé successifs de ces dernières années ne sont pas restés les bras ballants. Des dispositifs ont été proposés aux élus pour favoriser l'installation des jeunes médecins en misant sur l'incitation. Mais ces mesures incitatives comme la création des maisons de santé pluriprofessionnelles représentent un « coût » et renforcent les inégalités entre les territoires, sans pour autant remédier à la désertification. Selon Claude Bernard, le département de la Meuse débourse de « 2 à 2,4 millions d'euros » d'aides financières par structures pluridisciplinaires de santé.
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