Alors que la France fait face à une troisième vague d’épidémie de Covid-19, élus, enseignants et épidémiologistes s’inquiètent de la situation sanitaire dans les écoles et réclament des mesures appropriées. Au regard de la progression alarmante de certains indicateurs, des médecins du collectif Du côté de la science et Stop-postillons estiment que la fermeture des écoles est aujourd’hui la seule solution pour enrayer la progression des contaminations.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon Santé publique France, le taux d’incidence chez les 0-19 ans a été quasiment multiplié par quatre entre janvier et mars au niveau national. Il s’établit aujourd’hui dans l’Hexagone à 278/100 000 personnes. En Île-de-France la situation est plus alarmante encore, le taux d’incidence chez les 0-19 ans s’élève à 403/100 000 pour les Hauts-de-Seine avec un maximum de 541/100 000 pour la Seine-et-Marne.
Concernant les classes fermées à ce jour, les dernières données du ministère de l’Éducation nationale révèlent que 2 018 classes (0,4 % du total) ont dû fermer jusqu’à ce jour en raison de cas de Covid-19 détectés chez des élèves ou des enseignants.
Un taux d’incidence très alarmant selon les généralistes
Un chiffre qui paraît relativement faible mais qui s’explique en partie, selon le Dr Matthieu Calafiore, médecin généraliste à Wattelos et membre du collectif Du côté de la Science, par une politique sanitaire « inadaptée » pour éviter « de fermer trop de classes » :
« Les règles sanitaires sont revues à la baisse à mesure que la pandémie progresse. En janvier avec l’arrivée du variant anglais, le gouvernement a annoncé qu’une classe devait être fermée si un élève était déclaré positif au Covid-19. Quand ils ont vu qu’il y avait de plus en plus de cas de variants anglais, la jauge est passée à trois cas avérés » regrette-t-il.
La fermeture des classes « pas souhaitable » mais « inévitable »
Plusieurs médecins généralistes du collectif Du côté de la science alertent pourtant depuis plusieurs mois sur « le pouvoir de transmission » des enfants dans les établissements scolaires. À la fin de l’été dernier, ils n’avaient d’ailleurs eu de cesse de réclamer le port du masque obligatoire des enfants à l’école, obtenant tardivement satisfaction.
Le Dr Jonathan Favre, médecin généraliste à Villeneuve d’Ascq, déplore des protocoles sanitaires « insuffisants » mis en place par le gouvernement dans le milieu scolaire :
« L’école est un lieu de dissémination important où se retrouvent des personnes issues de différents foyers dans des lieux clos comme les gymnases, les cantines et les piscines et parfois sans masque. En permettant ça, on laisse le virus passer de famille en famille. »
Pour le généraliste, « si on veut agir fort » sur l’épidémie, « la seule solution, hélas est de fermer le plus rapidement possible les écoles. »
Pour le Dr Michaël Rochoy, médecin généraliste à Outreau, le constat est le même. Si la fermeture des écoles « n’est pas du tout souhaitable », elle est à ce stade « inévitable » pour enrayer les contaminations : « La prévention n’a pas été faite. Aujourd’hui on a plus le choix, il faut fermer les écoles. Mais si on en est arrivés là, c’est à cause de l’incurie du gouvernement à sécuriser davantage. »
Vers des vacances prolongées ?
S’alarmant des taux d’incidence alarmants chez les enfants et estimant que le protocole sanitaire dans les écoles est devenu insuffisant pour maîtriser l’épidémie, Dominique Costagliola, directrice de recherches à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie, a appelé le gouvernement à prendre une décision rapide. « On ne va pas tenir longtemps ainsi, il faut donc freiner par tous les moyens possibles et donc fermer les écoles », déclare-t-elle dans un entretien à Libération paru ce jeudi.
Les trois médecins généralistes du collectif invitent également le gouvernement à prendre des mesures adaptées. Sur le même modèle qu’une proposition faite par le collectif en février, le Dr Caliafore avec ses deux collègues soumettent l’idée « de rallonger les vacances scolaires de Pâques » de deux semaines afin que tous les élèves soient en vacances en même temps pendant quatre semaines, permettant ainsi limiter les contacts. Ce jeudi, la présidente de l’Île-de-France, Valérie Pécresse, a demandé au gouvernement d’avancer de deux semaines les vacances scolaires dans sa région. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, lui a répondu que la fermeture des écoles devait rester « un ultime recours ».
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