À huit jours de la trêve électorale, et à la veille de la manifestation unitaire des médecins, la ministre de la Santé était cette semaine sur tous les fronts, occupée à défendre deux des principales réformes du quinquennat en matière de santé dont les intitulés entrent d’ailleurs en résonnance : loi sur la fin de vie et loi sur la santé. Missions bien délicates puisque ces textes déclinent deux des engagements phares pris par François Hollande alors qu’il était encore candidat. Sa fameuse proposition 21, évoquant une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Et la promesse faite il y a trois ans, jour pour jour, le 13 mars 2012, lorsque le futur président, en déplacement à Romans-sur-Isère, annonça qu’il généraliserait le tiers payant.
Sur ces deux dossiers, Marisol Touraine a reçu le soutien ostensible et précieux du Premier ministre, Manuel Valls, qui l’a accompagné en début de semaine dans une maison de santé du nord de la capitale. Pourtant, il y a quelque chose d’insolite à voir la ministre de la Santé défendre deux réformes qui ne sont pas ou plus tout à fait les siennes. Sur la fin de vie, elle n’a d’ailleurs jamais été en première ligne, puisque, de la mission Sicard à la mission Claeys-Léonetti, en passant par la saisine du Comité d’Éthique, c’est le chef de l’État lui-même qui a été à la manœuvre. On sait d’ailleurs qu’elle faisait partie de ceux qui, au PS, militaient pour une plus franche évolution de la législation. Pas étonnant que, dans ces conditions, elle soit apparue mardi un peu en mission commandée pour « vendre » cette réforme aux députés à la tribune de l’Assemblée. Sur ce sujet de société, on était loin de la fougue d’une Taubira défendant le « mariage pour tous » il y a deux ans…
Marisol Touraine est évidemment plus à l’aise quand il s’agit d’argumenter sur sa loi de santé qu’elle défend encore dans ces colonnes à l’intention des généralistes et qu’elle présentera mardi devant les députés de la commission des Affaires Sociales. Elle a pourtant été obligée d’en rabattre sur le tiers payant à la fois pour des raisons de faisabilité technique et d’hostilité des médecins. Le calendrier qu’elle a arrêté cette semaine renvoie donc la généralisation du dispositif… à la fin 2017 ! Une autre législature, avec un autre gouvernement… Et une pirouette pour ne pas nous dire si ce nouveau « droit » qu’elle offre aux patients entraînera une obligation pour les médecins.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes