Douste veut faire jouer à l'OMS un rôle plus politique

Publié le 02/11/2016
Douste

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Crédit photo : DR

Philippe Douste-Blazy, candidat pour la France à la direction de l'Organisation Mondiale de la Santé, veut que l'OMS joue un rôle plus politique dans la lutte contre les maladies non transmissibles, comme le cancer, l'obésité, le diabète, première cause de décès dans le monde.

"Nous avons l'habitude de dire que l'espérance de vie augmente depuis 40 ans. Mais elle va commencer à baisser, parce que si vous avez 20% de diabétiques (dans certaines régions), alors qu'il n'y en avait que 5% il y a 20 ans, vous allez commencer à avoir des complications", prédit l'ancien ministre de la Santé, de la Culture et des Affaires étrangères lors d'une interview à l'AFP à Genève.

Le Pr Douste-Blazy ajoute dans cet interview : "Nous n'avons pas les mêmes normes concernant le sucre, le sel et les graisses dans tous les pays du monde. C'est à l'OMS de faire ça," exprime-t-il, se montrant favorable à une hausse du prix du tabac et des boissons sucrées, "seule chose qui fonctionne aujourd'hui".

D'une manière générale, le candidat à la succession de Margaret Chan estime aussi que le défi des maladies chroniques est une priorité. "L'OMS a dit qu'il y aura plus de maladies non transmissibles que de maladies infectieuses en 2030, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité. C'est la première cause de décès dans le monde. Et 90% des maladies non transmissibles sont dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Il y a donc une inégalité vis-à-vis du cancer, du diabète et de l'obésité", a rappelé ce cardiologue de formation. Or pour lui, "il n'y a aucune volonté politique, comme il y a eu sur le sida, la polio, la tuberculose. L'OMS devrait mettre autour de la table tous ces acteurs : les gouvernements, les industriels (tabac, agroalimentaire), les ONG et les associations de malades".

Philippe Douste-Blazy, actuel conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU sur le Financement innovant du développement, voudrait également créer à l'OMS un département dédié aux financements innovants, sur le modèle de Unitaid, qu'il a dirigée pendant dix ans et qui vise à réduire le prix des médicaments traitant de maladies telles que le sida ou la tuberculose. Dans le même sens, il suggère notamment à des pays producteurs de prélever une taxe sur chaque baril de pétrole, chaque gramme d'or ou livre d'uranium pour financer leur budget de santé publique. Enfin, il veut également convaincre les laboratoires de continuer à produire des médicaments anciens mais toujours efficaces et à développer des médicaments qui ne sont pas rentables. "Il faut que l'OMS mette en place des garanties d'achat", suggère-t-il. 

Dans la course à la direction générale de l'OMS, Philippe Douste-Blazy est opposé à trois hommes et deux femmes. L'intéressé reconnait qu'il n'est pas du sérail contrairement à d'autres candidats. Mais il fait de son expérience internationale et en santé un atout : "s'il faut quelqu'un capable d'enseigner la santé publique à des étudiants, qui a eu des responsabilités de santé publique dans un pays comme la France, qui a été capable de créer une organisation internationale qui soigne aujourd'hui des dizaines de millions de personnes après avoir baissé le prix des médicaments, alors je commence peut-être à être un modeste candidat qui peut intéresser".

 


Source : lequotidiendumedecin.fr