Dans un rapport publié mardi sur le maintien à domicile des personnes âgées, la Cour des Comptes évalue le boom de la dépendance. Sur la base de diverses sources, elle estime à environ 10,1 milliards d'euros (valeur de 2011) les coûts liés à la perte d'autonomie des personnes âgées résidant à domicile, financés par la Sécurité sociale à hauteur de 4,7 milliards, les départements (4,2 mds), l'Etat (0,3 md), et les ménages (0,9 md). Selon ses calculs, le coût du maintien à domicile devrait augmenter de 71% entre 2011 et 2060, à 17,3 milliards d'euros. L'effort des ménages bondirait de 244% à 3,1 milliards, tandis que l'effort public augmenterait de 54% à 14,2 milliards. La Cour estime ainsi qu'à long terme, la contribution des ménages s'accroîtrait plus rapidement que celle des pouvoirs publics, alors que le nombre de personnes âgées dépendantes devrait doubler entre 2010 et 2060, pour passer à 2,3 millions, selon les prévisions de l'Insee.
Pour la juridiction financière, la seule solution consiste donc en un ciblage accru des aides. "Il convient donc de veiller à ce que les proches aidants soient davantage soutenus et que l'APA soit attribuée de façon à mieux tenir compte des ressources des bénéficiaires", pour concentrer les aides publiques sur ceux qui en ont le plus besoin, écrit-elle en effet. En 2011, 16% seulement des allocataires de l'APA, les moins aisés, n'avaient rien à payer pour leur prise en charge. A l'inverse, 2%, les plus aisés, contribuaient à hauteur de 90% au montant de leur plan d'aide. "Sans remettre en cause le caractère universel de l'APA", la Cour préconise de réorienter les aides vers les personnes démunies.
La Cour estime également nécessaire d'améliorer l'organisation de la politique de maintien à domicile, impliquant de multiples acteurs qui "devraient mieux se coordonner", et de travailler à une meilleure information des bénéficiaires. Et elle plaide pour que le médecin généraliste soit en première ligne: "Il convient de s’assurer que chaque personne âgée est effectivement suivie et que les médecins traitants - qui jouent un rôle majeur en la matièrère", estiment les magistrats, qui critiquent la complexité du maillage actuel et l'enchevêtrement de divers dispositifs comme les MAIA et les PAERPA.
"Ces dispositifs cherchent tous, à juste titre, à intégrer le médecin traitant dans la coordination, mais avec une efficacité très variable selon le contexte local. Il serait dès lors nécessaire de mieux définir au niveau national les conditions opérationnelles de coordination, sur l’ensemble du territoire, entre les médecins et les autres acteurs de la prise en charge de la dépendance," insiste le rapport. La Cour formule au total 12 recommandations, parmi lesquelles la nécessité d'identifier des structures d’appui aux médecins traitants et aux professionnels de premier recours pour accompagner les personnes les plus dépendantes.
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