Emmanuel Macron déjà lors de son quinquennat précédent n’a jamais caché sa volonté de miser sur le développement des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), et il compte bien garder le cap dans celui-ci.
Les membres et représentants de ces structures coordonnées sont justement réunis ces 17 et 18 mars à Saint-Malo pour les Rencontres d’AVECsanté, la fédération des MSP.
Cette année encore le congrès bat un record, avec 1 500 participants, et témoigne du dynamisme du mouvement. Le président d’AVECsanté, le Dr Pascal Gendry a d’ailleurs rendu hommage à ces MSP « qui avancent, qui innovent, qui construisent le monde de santé de demain et ce malgré la crise de l’offre de soins qui est profonde ». Il a aussi souligné un contexte compliqué avec « un bouleversement sur le sens de notre travail, de notre mission », un « repli corporatiste parfois trop mis en avant » ou encore l’échec des négociations conventionnelles.
« Nous savons que notre système de santé est malade mais quand on est malade, on ne peut pas se contenter d’un diagnostic, il faut un électrochoc », a-t-il ajouté.
4 000 MSP d'ici 2026
Un diagnostic partagé par François Braun, qui a échangé à distance pendant 1 heure avec les congressistes présents à Saint Malo.
« Le système de santé est en tachycardie ventriculaire, pas encore en défibrillation, mais le défibrillateur est à portée de main et il faut certainement s’en servir », a-t-il déclaré. Et le ministre de la Santé ne serait pas contre un défibrillateur inscrit AVECsanté dessus : « pourquoi pas ! »
« Je suis fan de ce modèle, vous avez fait un travail remarquable, mais il faut résolument aller plus loin », a-t-il continué.
Si les MSP sont aujourd’hui plus de 2 000 sur le territoire, dont 1 747 signataires de l’ACI d’après les chiffres présentés par l’Assurance maladie plus tôt dans la matinée (voir tableau ci-dessous), le ministre table sur une poursuite de cette progression.
« Plus loin, c’est 4 000 MSP à échéance 2026 », a-t-il ainsi annoncé.
Un objectif qui peut paraître ambitieux mais qui ne fait pas peur au Dr Gendry, comme il l’a avancé lors d'une table ronde en présence des directeurs généraux de la Cnam (Thomas Fatôme) et de la DGOS (Marie Daudé). « Il est important que l’on ait des objectifs chiffrés ambitieux », estime-t-il.
Un développement tous azimuts qui pose malgré tout plusieurs questions. À l’image de celle immobilière qui devient de plus en plus problématique, notamment dans les villes, comme l’a souligné une des participantes des Rencontres dans une question.
L’occasion pour le ministre de la Santé d’annoncer qu’il travaille actuellement sur un contrat État/régions pour « contractualiser avec les régions et les collectivités pour que l’apport immobilier puisse être fait par eux », a-t-il expliqué. Une mesure qui fait écho au récent rapport de la Cour de comptes sur les aides des collectivités territoriales pour l’accès aux soins de premier recours.
Reconnaître l'équipe
Les participants aux Rencontres ont aussi souhaité pousser auprès des pouvoirs publics la notion d’équipe traitante.
Alors que le terme a pu dans les mois passés en effrayer certains, à travers les questions posées tour à tour à Thomas Fatôme ou François Braun, les professionnels des MSP appellent à ce qu’elle devienne vraiment une réalité.
Pascal Gendry a ainsi rappelé que la notion d’équipe « a parfois du mal à se traduire dans le fonctionnement, à être reconnue ». Il a par exemple cité la reconnaissance des assistants médicaux dont la contractualisation se fait à titre individuel, les difficultés à faire reconnaître des actes d’équipes et leur financement ou encore l’intégration dans des dispositifs tels que le SAS.
François Braun a reconnu sur le sujet que les changements des pratiques impliquent aussi des changements de mentalité parfois plus dure à opérer. « Dire que l’on passe de l’homme-orchestre à un chef d’orchestre est difficile à faire passer », a-t-il avancé, même s’il a ajouté que selon lui « il faut quand même quelqu’un qui tire l’équipe, la coordonne ».
Les membres d’AVECsanté étaient aussi inquiets de savoir si les expérimentations article 51 sur la rémunération Ipep et Peps, dont les MSP font partie, allaient être pérennisées (la fin est prévue en juillet 2024). Mais sur ce point, le ministère a répondu que rien ne serait décidé avant l'évaluation.
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