La fin annoncée par Emmanuel Macron des fermetures d'hôpitaux est-elle une mesure populiste ?
On ne peut raisonner comme cela. Lorsque l'on est sur le terrain, les gens estiment que la fermeture d'un seul service comme celui des urgences ou de chirurgie annonce celle définitive de l'hôpital. Ce qui n'est pas le cas. On dispose en France d'un maillage très fin d'hôpitaux. Il faut le conserver, simplement pour faire autre chose de la maison de santé au service de soins de suite et de rééducation. Ce n'est donc pas populiste. On n'a de plus jamais fermé un hôpital. On ne fermera donc pas des hôpitaux mais des services de chirurgie par exemple peu sûrs. La restructuration des petites maternités, de certains services d'urgence lorsque la qualité n'a pas été établie doit se poursuivre.
Ce n'est pas ce que les Français ont compris…
Le mot "arrêter" a peut-être été mal choisi. Il peut prêter à confusion. Car cela laisse penser que l'on peut rouvrir ce qui a déjà été fermé. Si l'on regarde ce qui se passe dans les petites maternités où le nombre de césariennes est aussi important que dans les maternités de niveau 3, on peut légitimement s'interroger sur la qualité.
Depuis toutefois l'irruption du mouvement des gilets jaunes, la parole des experts pèserait-elle moins auprès des politiques ?
Cette plongée au cœur des territoires par le Patron a pour le moins dû le secouer. Il a perçu des désespoirs, des distorsions, des lenteurs. Simplement, il faudra continuer à restructurer pour le bien des populations. C'est cela qu'il aurait fallu dire. Quant à la parole des experts, elle ne pèse plus depuis des années sous la pression des réseaux sociaux. Le sachant est conspué. Cela n'est pas nouveau. Simplement on observe une pression pour faire rouvrir les maternités fermées comme celle du Blanc par exemple. Mais la maternité du Blanc ne va pas rouvrir. Dans le cas contraire, je démissionnerai d'un grand nombre d'instances. À cet égard, Agnès Buzyn devrait annoncer la création d'un pack maternité à l'image de ce qui existe en Suède où les femmes éloignées d'une maternité et près du terme sont hébergées dans des hôtels.
Entre septembre 2018 et avril 2019, il ne se serait donc rien passé dans le secteur de la santé…
Depuis plusieurs mois, Agnès Buzyn annonce la poursuite des restructurations. La logique est maintenue. Quant au poids des experts, que s'est-il passé depuis mon rapport sur les blocs opératoires remis au Ministre en 2006 ? pas grand-chose. La position d'Agnès Buzyn sur ce dossier, à la différence de ses prédécesseurs, est extrêmement claire à un moment où la situation est pourtant plus difficile.
Vous n'avez pas été entendu sur la restructuration des CHU.
On continue à saupoudrer les moyens, notamment en ce qui concerne les services de transplantation. Il devrait y avoir en France trois centres de transplantation rénale en France. On ose fermer un service seulement en cas de surmortalité avérée. La transplantation est l'exemple type de la non-restructuration et de la non-qualité. Sur ce sujet, il n'y a aucune avancée. Je ne comprends pas cette absence de dynamique au niveau des CHU. En revanche, j'observe une montée en puissance de la collaboration public-privé.
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