Le contraire eut été étonnant, mais les représentants des médecins de toutes générations ont très peu goûté les propositions offensives de la Cour des comptes dans le rapport pour l’avenir de l’Assurance maladie qu'elle a rendu public mercredi.
Une piste provoque l’ire généralisée de la profession : le conventionnement sélectif. Des internes aux médecins installés, tous condamnent cette proposition. « Vouloir imposer de nouvelles contraintes à l’installation des jeunes médecins alors que le taux d’installation s’effondre et que les déserts médicaux s’étendent démontre une capacité de réflexion sclérosée », commente le Dr Jean-Paul Hamon, leader de la FMF. La CSMF rappelle quant à elle que « tous les pays qui ont tenté cette approche y ont renoncé ».
Le conventionnement sélectif, « inefficace et dangereux »
Les futurs et jeunes médecins, a priori premiers concernés par la mesure, dénonce dans un communiqué commun des mesures coercitives « inefficaces voire dangereuses ». Le syndicat des remplaçants et jeunes généralistes, ReaGJIR, rappelle aussi que les généralistes ne font pas face au même défi démographique que les autres spécialités pour qui les effectifs augmentent. « L’autre problème c’est qu’ils mettent complètement de côté la dimension symbolique d’une telle mesure : un des seuls avantages du libéral, vécu comme tel par les jeunes, c’est la liberté d’installation » ajoute l'organisation, considérant que les jeunes risquent « de fuir vers le salariat ou de fuir la médecine générale ». Une analyse partagée par leurs aînés, à l’image du président du SML, le Dr Philippe Vermesch.
Les recommandations du rapport sur l'avenir de l'assurance maladie donnent le sentiment que la @Courdescomptes sonne le top départ aux jeunes médecins pour qu’ils fuient définitivement le #libéral, voire notre pays ! C'est le monde à l'envers...
— Vermesch Philippe (@VermeschP_SML) 29 novembre 2017
Mais le conventionnement sélectif n'est pas la seule recommandation à avoir agacé les médecins. L’idée d'une recertification posée comme condition préalable au conventionnement est également dénoncée par les syndicats seniors. « Les médecins qui refuseraient de s’y soumettre seraient déconventionnés, alors qu’on manque de médecins ! On frise le non-sens… », s’insurge la CSMF.
Solutions de facilité
La pénalisation des médecins effectuant des dépassements d’honoraires, l’injonction faite aux libéraux de maintenir leurs cabinets ouverts le soir et les week-ends pour désengorger les urgences, ou l’augmentation des forfaits dans la rémunération sont autant de propositions qui ont hérissé le poil des médecins. Ils dénoncent notamment « des solutions de facilité » chez le SML ou des « magistrats déconnectés de la réalité de terrain » pour la FMF et la CSMF. Le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), s’est lui fendu d’une vidéo et demande un débat avec l’auteur principal du rapport, Antoine Durrleman. « Ce rapport de la Cour des Comptes est une bombe à fragmentation qui, si elle était utilisée, détruirait notre système de santé, sans laisser la moindre issue de secours », affirme le patron de l'UFML.
Réaction de @Drmartyufml au rapport de @Courdescomptes sur avenir de l’Assurance Maladie. La coercition amènera plus de sable dans le désert ! pic.twitter.com/3uR4sQrMoy
— UFML (@ufmlcommunaute) 30 novembre 2017
Le son de cloche est quelque peu différent chez les jeunes qui se félicitent de la plupart des mesures proposées qui rejoignent des axes défendus par leurs syndicats. « Le rapport (…) est globalement très intéressant, souligne ainsi ReaGJIR. Le développement de la prévention, l’évolution des modes de rémunération (forfaits, ROSP), le travail pluri-professionnel, la recertification, l’accès aux soins… Nous trouvons toutes ces propositions très pertinentes et pensons qu’elles peuvent en effet contribuer à améliorer notre système de soins » commente le Dr Yannick Schmitt, président du syndicat.
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