Retour aux affaires de santé et aux critiques… Xavier Bertrand, qui fut notamment ministre de la Santé du gouvernement Villepin et ministre du Travail dans les trois gouvernements Fillon, a profité d’une intervention lors de Santexpo, sur le stand de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), pour épingler sévèrement la politique de santé de l’exécutif et afficher ses inquiétudes. Ecart de traitement tarifaire entre privé et public, manque de vision, formation inadéquate des jeunes… Le constat est jugé « catastrophique ».
À la question directe « Est-on au bord du gouffre ? », sa réponse fuse sans équivoque : « Oui. Je suis très très inquiet ! » Pour Xavier Bertrand, un investissement massif dans le secteur de la santé reste nécessaire et il dénonce à la fois « un manque de moyens et un manque de vision ». Il pointe au passage les dangers de l’incapacité à s’adapter rapidement aux grands défis du moment pour le système de santé dont le décloisonnement public/privé ou le numérique. « Nous ne pouvons pas raisonner comme en 1958 [lors de la création des CHU], à l’heure où explosent les maladies chroniques, comme l’obésité. Sans compter l’intelligence artificielle qui devient centrale », pointe-t-il.
Il faut une jambe privée et une jambe publique
Xavier Bertrand
L’ancien candidat malheureux à l’investiture LR pour la présidentielle 2022 défend son crédo : « Un système dual, avec une jambe privée et une jambe publique », alors que la campagne tarifaire 2024 semble avoir relancé le vieux conflit entre hôpitaux et cliniques privées.
Dans ce contexte, Xavier Bertrand a tenu à afficher son soutien au lobby du secteur privé lucratif, en conflit avec le gouvernement, et donc au président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), Lamine Gharbi. « Ce qui est en train de se produire est une folie, juge l’ancien ministre. On ne peut pas avoir une telle disparité de tarifs », allusion directe aux arbitrages ministériels ayant octroyé 4,3 % au public et 0,3 % au privé. Selon lui la décision du gouvernement procède d’« une vision à court terme », qui entraînera inévitablement des fermetures de cliniques privées dans quelques mois ou années.
La confiance d’abord
Le système de santé « doit reposer sur la confiance », martèle Xavier Bertrand, qui avait lui-même été rappelé au gouvernement en 2010 pour pacifier les relations avec la profession après les remous liés à la loi Hôpital Patients Santé et Territoires (HPST) de Roselyne Bachelot. Son credo ? La confiance aux acteurs de terrain mais aussi aux collectivités dont les régions. « Il faut redonner des responsabilités aux territoires », affirme le patron de la région des Hauts-de-France.
Pour l’ancien assureur, les agences régionales de santé (ARS) sont trop vastes et couvrent trop de champs, ce qui ne permet pas de répartir équitablement les moyens en fonction des besoins de santé réels. « Ma région est l’une de celles dans lesquelles on meurt le plus tôt en France, on ne peut pas avoir les mêmes moyens, illustre-t-il. On devrait donc faire évoluer l’Ondam [objectif national de dépenses maladie] vers des Ordam [objectif régionaux de dépense d’assurance-maladie] » renchérit-il. Quant à la confiance dans les territoires, promise par le ministre actuel Frédéric Valletoux, lors du récent colloque des praticiens hospitaliers de l’INPH, Xavier Bertrand attends des actes…
Dans ce panorama plutôt sombre, la crise d’attractivité du métier de médecin n’est pas éludée, une crise qui ne date pas d’hier. « Pendant mon mandat au ministère, de jeunes médecins d’Amiens m’avaient déjà expliqué leurs projets de vie et leurs inquiétudes… », une analyse qui l’avait alors convaincu d’augmenter le numerus clausus afin d’anticiper les nouveaux besoins et les transformations de l’exercice. Pour Xavier Bertrand, il est surtout urgent de consolider les fondements de l’exercice libéral. « Il faut respecter et garantir la liberté d’installation et de prescrire », reprend-il, afin de ne pas décourager les vocations. Tout un programme ?
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