D'Artagnan, le Gascon, avait-il la fibre sociale ? Au moment de choisir un héros, le jeune énarque, Jean Castex suggère à ses condisciples d'enrôler la promotion sous la bannière du mousquetaire. Mais les suffrages ont manqué. Et le bras armé au service de la monarchie a dû lâcher prise devant le héros républicain et homme de lettres, Victor Hugo. Première défaite politique pour le jeune provincial monté à Paris pour se mettre au service de l'Etat et le défendre contre toutes les frondes possibles. Mais aujourd'hui, pour faire de la politique, changer la vie ou procéder à des ruptures, faut-il plutôt jouer les éminences grises au Palais ou se battre sur le terrain, loin des ramparts élyséens ? A 45 ans, Jean Castex n'a pas choisi. Et revient donc à Paris, loin de Prades (Pyrénées orientales) dont il est toujours le maire, pour succéder à Raymond Soubie et devenir le conseiller social de Nicolas Sarkozy. La décision n'a pas été simple. Surtout lorsqu'on est un jeune père de quatre filles âgées de 4 mois à 12 ans, au parcours pour le moins atypique. Jean Castex, il est vrai, échappe à tout cliché réducteur. Le contact facile, le verbe simple, l'ancien élève de l'Ena n'a rien du haut fonctionnaire cassant, hautain, supérieur. Issu de la classe moyenne avec une mère institutrice spécialisée et un père commercial, il ignore jusqu'en terminale l'existence même de l'Ecole des sciences politiques. Jeune auditeur à la Cour des comptes, il refuse de respecter le code. Et demande à intégrer contre toute attente le secteur social. Etonnement de ses supérieurs hiérarchique qui de guerre lasse, après plusieurs mois d'attente, le nomment à la Ddass du Var dans un moment particulièrement troublé : son prédecesseur venait d'être mis en examen.
Loin d'être sans issu, ce sera la voie royale pour se hisser très jeune à des postes prestigieux. Dans le secteur de la santé, les professionnels n'ont pas oublié le dynamique directeur de ce qui était encore la Dhos sous l'autorité de Xavier Bertrand. Mais que l'on ne s'y trompe pas. Il n'y a rien d'une vocation, mais plutôt le résultat d'un goût qui s'est développé au hasard des missions et des rencontres. Et d'évoquer l'administration provisoire en 1992 d'un établissement pour enfants sourds. Quant au discours, il s'inscrit résolument dans le sillage de celui de Nicolas Sarkozy, en soulignant l'importance de l'effort, les dérives de l'assistance ou l'absence de vision collective partagée.
Mais si à Paris la carrière est rapide, dans le pays d'adoption sur les terrres catalanes, l'avenir est plus incertain. Aux dernières élections régionales, les militants de l'UMP lui préfèrent par exemple Raymond Couderc comme tête de liste en Languedoc-Roussillon. Ironie du sort, le provincial réussit mieux à Paris que dans les Pyrénées, où l'ascension politique s'avère plus ardue que prévue. De ces revers, Jean Castex n'affiche aucune amertume. Il ne cultive pas certes pas la nostalgie. Ne reconnaît pas de lecture fondatrice, si ce n'est celle d'Albert Camus ou de figure historique majeure, à l'exception peut-être de Charles de Gaulle, alors que c'est un passionné d'histoire, auteur d'une copie qui lui a valu un 20/20 au baccalauréat.
Le désir est ailleurs. Lorsque le regard se porte au-delà de l'Hexagone vers cette Espagne moderne, bouillonnante qui s'inventerait un avenir ouvert grâce ou à cause du souvenir de la guerre civile atroce. Le roi Juan Carlos devient un héros moderne. Il a échappé à son destin, à ce qu'on attendait de lui. D'Artagnan serait-il aujourd'hui espagnol ?
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