Les leaders du corps médical n’attendaient pas grand chose de leur rencontre avec Manuel Valls et leurs attentes n’ont pas été déçues. Ce mercredi 1er juillet, le Premier ministre recevait les présidents des cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux et cinq syndicats de jeunes médecins. La réunion aura au moins permis à certains syndicats de finaliser leur décision et de boycotter pour de bon la Conférence nationale de Santé.
Jean-Paul Hamon, président de la FMF, l’avait annoncé dès ce matin, hors de question de prendre part à la Conférence de Santé. « On ne participera pas à cette mascarade ». Avant de poursuivre « sauf si la loi de santé est retirée et si on s’engageait dans un véritable Grenelle dont on sort(irait) avec des décrets immédiatement publiables ». Mais au sortir de la rencontre avec Manuel Valls il avait peu d’espoir sur cette issue " Il y a un blocage total. Manuel Valls a redit que le tiers payant était une commande du président, et on a réaffirmé notre position. Donc pas de surprise". Même s’il boycotte les débats de janvier 2016, cela n’empêchera pas Jean-Paul Hamon de répondre aux sollicitations de l’Ordre des médecins dans le cadre des réunions que l’institution compte tenir, en marge de l’organisation officielle de la Conférence.
À l’issue de la réunion la CSMF, le Bloc et le SML ont à leur tour annoncé un boycott. "Cette conférence est une manière de noyer le poisson" explique Éric Henry, leader du SML, "le gouvernement veut montrer son autorité mais il n’y a aucune remise en question. C’est une occupation du territoire et du temps. Si elle avait eu lieu avant le vote de la loi Santé, cela aurait permis de l’amender mais après ça ne rime à rien, seulement à la valider" souligne-t-il. Niet également du côté de la CSMF pour qui "la grande Conférence n’est pas la réponse adéquate au malaise des médecins". D’autant moins que la composition du "comité de pilotage est caricaturale", note Jean-Paul Ortiz qui relève la présence de seulement deux médecins libéraux... Dont "un qui est un grand défenseur du tiers payant", précise celui qui ne manque pas de marteler que cette mesure de la loi de santé, "nous ne l’acceptons pas".
Moins sceptique que les autres, MG France se pose toutefois « la question de sa participation » à la Conférence de santé. « On décidera en septembre », précise Claude Leicher à la sortie de cette réunion, ajoutant toutefois que son syndicat participera aux premières réunions prévues vendredi. Mais d’ici la rentrée, il attend de voir des signes attestant de bonnes intentions de la part du gouvernement. Et ce notamment s’agissant de la nomination d’enseignants en médecine générale. Alors que 18 enseignants partent à la retraite, souligne Claude Leicher, « si les pouvoirs publics ne procèdent pas à des nominations, ça sera la démonstration de l’absence de volonté de leur part ».
À défaut d’être entouré des autres organisations de médecins libéraux de son acabit, MG France devrait retrouver les syndicats représentants les internes et jeunes praticiens. Les cinq syndicats de jeunes ont en effet confirmé leur présence à la Conférence de Santé. "On veut donner sa chance au dialogue" affirme Trystan Bacon, nouveau président de l’Isnar-IMG. Marisol Touraine et Manuel Valls ont laissé entendre lors de la réunion que les réformes s’inscriraient davantage dans le cadre de la loi de Santé et peu lors de la Conférence de Santé. Mais pour le syndicat des internes en médecine générale, elle sera quand même l’occasion de discuter de certains problèmes propres aux internes, comme la durée du cursus des internes en médecine générale, qui continue de diviser les syndicats.
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