C’est la toute première initiative prise par la nouvelle ministre. Ce 17 mai 2017, jour de l’arrivée avenue de Ségur d’Agnès Buzyn, coïncide en effet avec la saisine du Haut Conseil de la Santé Publique sur la Stratégie Nationale de Santé. Autant dire que ce chantier, dont les grands axes - prévention, innovation, performance et lutte contre les inégalités - ont été présentés en début de semaine est la priorité des priorités. Par rapport à ses prédécesseurs, Agnès Buzyn entend frapper vite et fort. La future politique de santé naît donc d’abord sous le sceau de la rapidité puisqu’elle devra être arrêtée dès le début de 2018, un record sans doute, moins de sept mois après la nomination du gouvernement.
Pas question pour autant de donner le sentiment de confondre vitesse et précipitation. Car la méthode Buzyn se veut innovante aussi au stade de l’élaboration. Dans les mois à venir, il ne faut s’attendre ni à grande conférence, ni à États généraux de la santé. C’est plutôt un remue-méninges multicanaux qui se met en place. Comme si, devenue ministre, le Pr Buzyn continuait d’agir en médecin. On se croirait dans un consensus à la HAS… Pour le bilan de santé de l’Hexagone, elle a confié le diagnostic aux experts. Celui-ci posé, elle se tourne vers ses pairs et vers ses homologues des autres ministères pour s’assurer d’une thérapeutique efficace. Et déjà l’observance est dans ses préoccupations puisqu’elle a prévu d’ouvrir une vaste concertation citoyenne auprès de la population.
Qu’on soit soignant ou patient, difficile de ne pas lui donner quitus à ce stade. Car le rapport du HCSP se montre diablement ambitieux. Évidemment, il met le doigt sur les trois grands défauts de notre système de soins : hospitalocentrisme, répartition inégale de l’offre de soins, insuffisance de la prévention. Et il pointe aussi le principal défi à relever : le boom des maladies chroniques. Au-delà, il tente de prendre en compte la santé dans toutes ses dimensions. Les enjeux sont colossaux : environnement, climat, inégalités de santé, risques émergents, nouveaux périls infectieux, coordination des niveaux de décision, et jusqu’à la qualité de vie des personnels de santé… Comment résoudre tout à la fois ? En ce début de quinquennat se pose en filigrane la question des moyens, mais aussi du poids des décideurs de la santé pour s’imposer demain. n
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