Comment assurer un égal accès à l'imagerie médicale pour tous les Français ?
La question a été débattue lors d'une conférence* à l'initiative de la Société française de radiologie (SFR), très mobilisée sur l'équité des soins en imagerie alors que 20 % des Français vivent dans des régions isolées.
Dans la rue, le principal obstacle à l'accès aux soins radiologiques reste le recensement des besoins. Selon l'Ordre de Malte France – qui organise des maraudes médicales – 200 000 à 300 000 personnes sont sans domicile fixe en France – dont 3 600 à Paris (en dehors des personnes en centres d'hébergement). Une estimation « basse », à laquelle il faut ajouter les migrants. « Ces deux publics ont des besoins de soins et donc d'imagerie différents. Les SDF ont des pathologies telles que la phlébite, l'érysipèle. Chez les migrants, on retrouve des tuberculoses, des épanchements pleuraux », pointe le Dr Alain Mercuel, chef de pôle psychiatrie précarité de Paris, évoquant aussi les tests osseux utilisés pour déterminer l'âge des jeunes migrants.
L'accès à l'imagerie passe souvent par le passage en établissement ou en centre médico-social. « Or c'est très compliqué, souligne le Dr Guy Lessieux, médecin chargé de mission précarité à l'Ordre de Malte France. Au-delà des refus de soins, le patient à la rue a souvent perdu sa couverture maladie, ou ne l'a pas encore acquise pour les demandeurs d'asile. Dehors, ils perdent la notion du temps, c'est très dur de les faire venir à un rendez-vous ».
Peur des soins
La difficulté d'accéder à des soins d'imagerie concerne aussi les personnes âgées dépendantes en établissement (EHPAD). « Notre difficulté principale, outre la peur et le stress de l'examen, c'est le transport des personnes âgées fragiles avec des troubles du comportement. La radiologie doit pouvoir venir à nous, nous comptons sur le développement de la télé-expertise », plaide Louis Matias, directeur d'établissement à Clamart (Hauts-de-Seine). Des partenariats sont développés entre certains EHPAD et des cliniques privées afin d'éviter des temps d'attente parfois très longs aux urgences.
Les personnes en situation de handicap sont également confrontées à une série d'obstacles dont celui de l'accessibilité des locaux, malgré l'obligation légale de se conformer aux normes pour tous les établissements de santé. Parmi les autres « barrières » signalées par APF France handicap : l'angoisse du soin lié aux difficultés d'élocution mais aussi l'inadaptation de certains appareils d'imagerie pour des personnes en fauteuil.
La SFR veut faire bouger les lignes. Des camions équipés « d'appareils d'échographie portables, voire de radiologie conventionnelle » pourraient aider les patients dans la rue, suggère le Dr Myriam Edjlali-Goujon, neuroradiologue à l'hôpital Sainte-Anne (Paris). Pour les personnes âgées ou en situation de handicap se déplaçant en établissement, une salle « d'apprivoisement » pourrait permettre de se familiariser avec l'appareil et l'examen.
* « Les mardis de l'imagerie », organisés par Ortus pour la SFR
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