« Nous avons auditionné 64 personnes de tous horizons – professionnels de santé, étudiants en médecine, élus et associations de patients - pendant deux mois et puis nous en avons tiré une synthèse, celle que nous rendons publique aujourd’hui », explique d’emblée le rapporteur du groupe de travail « Rôle et place du médecin généraliste dans la société française du XXIe siècle », le Pr Guy Vallancien.
Car l’Académie de médecine en est persuadée, les fonctions des praticiens de la médecine générale sont amenées à évoluer vers une prise en charge globale des patients. « L’usage des moyens diagnostiques et thérapeutiques numérisés et le partage des tâches dans une étroite collaboration avec les autres personnels soignants s’imposent dans le cadre d’une collaboration étroite au sein de structures médicales dédiées qui se développeront dans les territoires », relève le groupe de travail. À l’arrivée, le médecin généraliste aura ainsi une vocation d’assembleur et de référent personnel du patient tout au long de son parcours de soins.
Un mouvement déjà en marche
« Ce n’est d’ailleurs ni plus ni moins que la poursuite d’un mouvement et d’une nouvelle organisation qui a émergé avec les Communautés professionnelles territoriales de santé », rappelle le Pr Vallancien. Concrètement, le généraliste, qui doit rester un médecin de premier recours pour les pathologies courantes, deviendra le « spécialiste de la synthèse diagnostique et thérapeutique et ne traitera pas seulement le symptôme de la maladie ». « Interlocuteur privilégié » du patient dans une prise en charge globale au sein de l’équipe référente de santé, il interviendra aussi en amont (prévention aux accidents et affections évitables) comme en aval (réhabilitation en lien avec les professionnels médicosociaux). Ainsi faite, « l’organisation de l’exercice médical inclura plus de temps pour discuter et expliquer au patient ce qui lui arrive et le chemin à suivre après avoir effectué la synthèse des actes réalisés par les autres professionnels », estime l’Académie.
« Conciergerie sanitaire »
Le groupe de travail reconnaît qu’une telle organisation demandera un temps plus long de consultation aux généralistes. Pour autant, celui-ci pourrait être récupéré en appliquant certaines mesures. Au nombre desquelles « la réduction massive des tâches administratives et du remplissage de la majorité des certificats ». À charge pour des « assistants administratifs » de gérer les rendez-vous et le recours aux examens d’imagerie, de biologie et autres investigations, dans le cadre d’une véritable « conciergerie sanitaire » dévolue à l’équipe soignante. Ce sont eux qui traiteront aussi les documents réclamés par les organismes payeurs.
Le transfert de certains actes diagnostiques et thérapeutiques d’affections aiguës bénignes à d’autres professionnels de santé, selon leurs compétences, est également au menu des propositions. Ainsi que le recours à l’usage « des algorithmes et des moyens numérisés pour faciliter l’adoption de la bonne option diagnostique (…), à condition d’en détecter les biais et erreurs possibles ».
Enfin, parmi ses multiples propositions, pour répondre à la réalité des déserts médicaux, l’avis se prononce en faveur de consultations avancées multisites dans les petites communes en périphérie de la MSP « pour lesquelles médecins et personnels soignants se déplaceraient à tour de rôle la semaine, soit dans les mairies elles-mêmes ou dans des « bus santé » cofinancées par les communes ».
Exit donc la vision traditionnelle du médecin traitant, l’Académie voit dans le généraliste de demain, « le joueur au centre du terrain qui passe les ballons » et qui coordonne les interventions des autres soignants « sans prédominance de son pouvoir sur les autres professionnels engagés dans une même action collaborative à responsabilité partagée ».
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