Après deux années de hausse, le nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) réalisées en France est en baisse pour l’année 2020. Il s’élève à 222 000 soit 10 000 de moins qu’en 2019. Cela représente une diminution d’environ 4 %, observée principalement en métropole.
L’analyse de la Drees qui publie ces derniers chiffres, montre l’impact de la crise sanitaire sur cette évolution.
En effet alors que le nombre d’IVG est habituellement stable au cours de l’année, il a baissé en 2020 durant les mois de mai et juin, et dans une moindre mesure en juillet et uniquement pour celles réalisées en établissements de santé. Pour les IVG réalisées en secteur libéral, où des mesures avaient été mises en place pendant les confinements pour faciliter l’accès, leur nombre « a continué de croître au même rythme que les années précédentes ».
Impact du confinement sur les conceptions
Les données de l’Insee sur les naissances vivantes, montrent l’impact du premier confinement sur les conceptions dès mars 2020. « La baisse des IVG en mai est donc vraisemblablement aussi due à cette baisse des conceptions », souligne la Drees. La baisse des naissances a été constatée neuf mois plus tard en novembre 2020 et celles des IVG deux mois plus tard, en mai et juin 2020. « Ainsi, le principal impact du confinement serait une baisse concomitante du nombre de grossesses, qu’elles soient désirées ou non désirées. (…) Si cette interprétation est exacte, le fait que le nombre d’IVG hors établissement se soit néanmoins à peu près maintenu au moment où le nombre d’IVG en établissement chutait atteste d’un effet de report de l’hôpital vers le secteur libéral », précise la Drees.
La peur d’être contaminée en établissement de santé ou le prolongement exceptionnel des délais de recours en ville expliquent également cette bascule. Par conséquent, alors que la part des IVG médicamenteuses dans le total des IVG augmente régulièrement en France depuis leur autorisation en 2001, elle est encore plus forte en 2020 avec 72 % des IVG réalisées de façon médicamenteuse. En revanche la crise sanitaire n’a pas donné lieu à des IVG plus tardives en milieu hospitalier, « ce qui suggère que le recul du nombre d’IVG n’est pas lié à des difficultés d’accès augmentant la durée des parcours », précise la Drees. Il n’existe pas aujourd’hui de moyen de mesurer de manière fiable le terme de la grossesse pour les IVG médicamenteuses, ni le nombre de téléconsultation pour celles-ci. Impossible donc de savoir si les mesures dérogatoires mises en place pendant la crise sanitaire ont eu un impact.
Des disparités régionales persistantes
La baisse globale du nombre d’IVG en 2020 entraîne donc une diminution du taux global de recours à l’IVG avec 15,4 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en France. L’indice conjoncturel d’avortement (le nombre moyen théorique d’IVG que connaîtrait une femme tout au long de sa vie selon les taux de recours par âge de l’année considérée) se situe lui à 0,55 en 2020, son niveau le plus élevé depuis 2014. C’est dans la catégorie d’âge des 20-29 que les IVG restent les plus fréquentes (25,7 ‰ pour les 20-24 ans et 27,1 ‰ parmi les 25-29 ans), mais le taux de recours a baissé pour toutes les tranches d’âge en dessous de 40 ans et particulièrement chez les 18-25 ans. Les disparités régionales persistent, elles aussi, avec des taux de recours qui varient du simple au double selon les régions. Comme l’année dernière les Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur représentent les deux extrêmes avec des taux de recours respectivement de 11,6 ‰ et 22 ‰.
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