En 2015, environ un tiers des personnes vivants avec le VIH (PVVIH) ont plus de 50 ans. En 2030, selon les estimations, 80 % d’entre elles dépasseront la cinquantaine. Les progrès importants réalisés dans les traitements antirétroviraux plus efficaces, mieux tolérés et ayant allégé les prises, sont en grande partie responsables de ces résultats.
Un autre paramètre moins visible est le fait que la proportion de personnes nouvellement diagnostiquées pour le VIH à un âge élevé est en augmentation. La conjonction de ces deux phénomènes fait qu’entre 2000 et 2013, le nombre de PVVIH âgées de 50 ans et plus a presque quadruplé. L’infection par le VIH se transforme donc progressivement en une maladie chronique avec son lot de comorbidités dont la prise en charge pose des questions sanitaires, médico-sociales, et économiques. Chez les PVVIH, les maladies cardio-vasculaires, métaboliques (diabète, dyslipidémie), les maladies hépatiques et rénales, le cancer, l’ostéoporose et les désordres cognitifs ont ainsi un risque de survenue plus élevé que dans la population générale avec pour corollaire, une détérioration plus rapide de la qualité de vie des patients. Ces comorbidités sont exacerbées chez le PVVIH en raison notamment d’un état inflammatoire lié au VIH, même si sa charge virale est indétectable. Un défi pour le système de santé qui, pour répondre à la demande de « vivre comme tout le monde » des PVVIH, doit leur proposer des parcours de soins et de santé ville-hôpital coordonnés impliquant tous les professionnels de santé concernés par l’infection et les comorbidités et les acteurs du secteur médico-social, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux. L’enquête de SIS-Observatoire/Sida Info Service sur le parcours de soins des personnes vivant avec le VIH âgées de 40 ans et plus en cours d’analyse devrait apporter des informations importantes sur la perception des PVVIH sur la prise en charge de leurs comorbidités dans les parcours de soins et sur le vieillissement.
Il n’en reste pas moins qu’au jour d’aujourd’hui et selon le Dr Valérie Pourcher-Martinez (département des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Pitié-Salpétrière, AP-HP, Paris), le parcours de soins des PVVIH reste, dans la majorité des cas, confiné à l’hôpital. Ce passage au stade de maladie chronique ne doit pas pour autant banaliser la maladie avec le risque d’un relâchement des efforts de prévention vers les populations jeunes. D’après une enquête récente du CRIPS*, en France, en 2013, les moins de 25 ans représentaient 13 % des découvertes de séropositivités, proportion qui n’a pas évolué de façon significative depuis 2003. La part des moins de 25 ans augmente par contre sur la période chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), passant de 8 % à 14 % des découvertes de séropositivités. Autres bonnes nouvelles de ce congrès européen qui a rassemblé 3 500 participants, les objectifs de l’Onusida 90-90-90 : 90 % des personnes VIH dépistées, 90 % mises sous traitements antirétroviraux et 90 % avec une charge virale indétectable devraient pouvoir être atteints en 2020 en Europe centrale et en Europe de l’Ouest. Selon des projections présentées par le Pr Michel Kazatchkine, envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies pour le VIH/Sida en Europe orientale et en Asie centrale, en 2013, l’objectif 1 (dépistage) était à 73-85 %, l’objectif 2 (mise sous traitement) de 60-70 % et l’objectif 3 de 50-78 %. La principale difficulté réside encore dans le dépistage des populations VIH qui reste encore souvent tardif, compromettant les chances de mise sous traitement précoce.
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